De quoi ça parle ?
En ce matin de Noël, Nathalie se réveille, hantée par un funeste pressentiment et l'impression que, 14 ans plus tôt, lors de l'adoption de la petite Alice, quelque chose les aurait suivis chez eux.
Tandis que Nathalie tente de dissiper cette angoisse, son mari, Marc, part à l'aéroport chercher ses parents venus pour la fête. Se met alors en place un huis clos hivernal au fil duquel le comportement de sa fille apparaît de plus en plus étrange et incohérent...
Jeudi 10 novembre à 20h55 sur Arte, et disponible sur arte.tv jusqu'au 9 décembre
C'est avec qui ?
Après HPI et Les Combattantes, Audrey Fleurot continue les grands écarts qu'elle affectionne tant et revêt une blondeur hitchcockienne du plus bel effet pour camper Nathalie, l'héroïne d'Esprit d'hiver, mini-série dont Arte diffuse ce soir les trois épisodes.
Face à elle, Cédric Kahn (La Prière, Fête de famille) incarne Marc, le mari de Nathalie, tandis que la jeune Lily Taïeb (La Bonne épouse, Trois souvenirs de ma jeunesse) prête ses traits à Alice, l'énigmatique fille du couple.
Un joli trio de tête que viennent notamment compléter Malina Ioana-Ferrante (Nos batailles), Clémentine Verdier (Demain nous appartient), ou encore Corinne Masiero (Capitaine Marleau), fidèle du réalisateur Cyril Mennegun (Louise Wimmer), dans un caméo savoureux.
Ça vaut le coup d'oeil ?
En adaptant avec l'aide de la scénariste Florence Vignon le roman de Laura Kasischke paru en 2013, Cyril Mennegun offre à Audrey Fleurot un vrai rôle à contre-emploi - celui d'une femme troublée rattrapée par son passé et ses névroses - qui permet à la comédienne adorée des Français de dévoiler encore de nouvelles facettes de son talent.
Mais le cinéaste, à qui l'on doit le très réussi Louise Wimmer (César 2013 du Meilleur premier film), rate aussi l'occasion de proposer le thriller gothique véritablement angoissant que l'on était en droit d'attendre d'un tel pitch et d'une telle atmosphère.
Écrivaine en mal d'inspiration, Nathalie parvient enfin à achever le manuscrit sur lequel elle travaillait depuis si longtemps lorsque débute le premier des trois épisodes qui composent Esprit d'hiver.
Très vite, alors que son mari est parti chercher ses parents à l'aéroport en vue du repas de Noël, elle se retrouve seule avec sa fille Alice dans leur immense maison ensevelie sous la neige. Et leur tête-à-tête glacial, fait de non-dits, de reproches, et de rivalité, vire bientôt au huis clos étrange. Dans lequel des scènes du roman de Nathalie semblent se mêler à des souvenirs datant du jour où elle est partie chercher Lily dans un orphelinat des pays de l'Est où un esprit maléfique pourrait bien s'être tapi.
De mystérieux appels qui sonnent comme une menace (venue d'outre-tombe ?), la réalité qui se distord peu à peu autour de l'héroïne, sa paranoïa qui grandit. Tout est fait pour que le téléspectateur commence lui aussi à perdre petit à petit ses repères et que son trouillomètre s'emballe. Malheureusement, passé un premier épisode plein de promesse, c'est bien vite l'ennui qui s'installe dans ce conte de Noël bien trop sage et répétitif.
La mise en scène manque cruellement de rythme, le scénario est trop bavard, et la série se résume bien vite à voir Audrey Fleurot déambuler dans les couloirs sans fin de sa maison. Dont on a bien vite compris que l'aspect labyrinthique a été pensé pour faire écho à l'esprit troublé et en morceaux du personnage.
Malgré des thématiques intéressantes telles que la création artistique, la maternité impossible, l'adoption, et les relations compliquées entre une mère et sa fille adolescente, Esprit d'hiver ne décolle jamais vraiment et ne va pas assez loin dans le fantastique, l'horreur gothique, ou l'angoisse pour vraiment proposer quelque chose d'intéressant.
Reste les prestations tout à fait honorables des comédiens - la jeune Lily Taïeb en tête - et une fin qui a le mérite d'interpeler et de poser des questions. Tel un esprit malin qui viendrait nous hanter... un peu trop tard malheureusement.