A l'occasion de la sortie de "Stoker", focus sur les films du réalisateur sud-coréen Park Chan-wook. Dossier réalisé par Clément Cusseau
© Metropolitan FilmExport
"L'histoire vous happe et vous prend aux tripes. Il y a dans ce film plus de tragédies que dans tous les films sortis l'an dernier réunis...". Park Chan-wook
De quoi ça parle ?
Ryu est un ouvrier sourd et muet, dont la sœur est en attente d'une opération chirurgicale. Son patron, Dongjin, est divorcé et père d'une petite fille. Young-Mi, la fiancée de Ryu, est une activiste gauchiste. Lorsque Ryu perd son emploi et voit diminuer les chances d'opération de sa sœur, elle lui propose de kidnapper la fille de Dongjin. La rançon obtenue servirait à pouvoir soigner la sœur de Ryu. Mais le plan parfait tourne à la catastrophe...
Ce qu'il faut savoir
Jouissant d'une liberté totale de créativité suite au succès phénoménal de Joint security area au box-office, Park Chan-wook commence avec Sympathy for Mr. Vengeance une trilogie thématique. Partant sur une idée d'un enlèvement d'enfant qui dégénère, le cinéaste se sert d'une histoire qui pourrait être un simple fait divers pour dresser un portrait des différentes classes sociales en Corée du Sud.
Dans les premières minutes de son film, le réalisateur accorde toute son empathie à Ryu, un jeune ouvrier sourd et malentendant, habile trouvaille scénaristique pour symboliser l'impossibilité du personnage à se faire entendre dans une société où de graves différences, économiques et sociales, se font ressentir entre les milieux modestes et aisés. Pourtant, au fur et à mesure que le récit avance, le point de vue du riche industriel Dongjin (interprété par Song Kang-Ho) devient, à nos yeux, beaucoup plus humain puisqu’il passe du statut d’antagoniste à celui de victime.
Une violence brutale et réaliste
La force du film est sans aucun doute son scénario qui s’amuse à manipuler le spectateur en bouleversant les points de vue en cours de récit. Initialement présenté comme le protagoniste auquel nous sommes censés nous identifier, Ryu, handicapé et manipulé par sa petite-amie militante, franchit le point de non-retour après la mort accidentelle de la petite fille qu’il a kidnappé. Dès lors, c’est Dongjin qui devient le personnage référent et dont nous suivons désormais la quête de vengeance, et change alors complètement de statut : la vengeance sociale qui motivait les agissements des deux kidnappeurs laisse place à une folie meurtrière à laquelle se livre un père de famille brisé par la mort de sa fille. Pour ces personnages, il n’y a alors plus aucune possibilité de rédemption.
Libéré de toute contrainte artistique et jouissant d'un contrôle complet sur son film, Park Chan-wook ne se fixe aucune limite dans ce qu'il montre à l'écran et imagine des scènes à la violence très réaliste, parfois à la limite du supportable (par exemple la séquence de l'électrocution à la batterie de voiture). A aucun moment pourtant il ne s'en sert comme d'un élément gratuit mais semble à chaque fois la justifier, sans pour autant la cautionner, comme une situation d’engrenage au cours de laquelle le sang appelle le sang. En somme, on se trouve dans une version sociale de la loi du Talion.
Quel regard porte alors le réalisateur sur ses personnages ? A vrai dire, il accorde autant d’empathie à chacun d’eux qu’il ne prend de distance vis-à-vis de leurs actes. S’il semble comprendre ce qui les motive, il met tout en œuvre pour ne pas les cautionner et ne se gêne pas pour punir chacun d’eux du sort qu’ils ont provoqué en s’aventurant sur l’autoroute de la violence. Non pas que le ton du film soit franchement moralisateur, mais à l’image des scènes de torture, Park Chan-wook semble vouloir montrer sans aucun compromis le vrai visage du genre humain, au risque de choquer. Encore une fois, comme dans Joint security area, le cinéaste fait preuve d’un pessimisme qui composera de manière générale l’essentiel de son œuvre.
Dès ce premier épisode, la base des autres opus de la trilogie semble toute tracée : lutte des classes, affrontement à distance entre deux protagonistes, résolution irrémédiablement sanglante, violence frontale et réaliste montrée sans aucun compromis et ton noir. Malgré son pessimisme, Sympathy for Mr. Vengeance rencontre un très gros succès d’estime et offre à son réalisateur une notoriété auprès des cinéphiles du monde entier.
L'anecdote en +
Si la première monture du scénario n'a pris que vingt heures aux scénaristes, il aura finalement fallu plusieurs années à Park Chan-wook pour réaliser le film. Le cinéaste avait en effet l'idée de le tourner avant même le tournage de Joint security area.
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