A l'occasion de la sortie de "Stoker", focus sur les films du réalisateur sud-coréen Park Chan-wook. Dossier réalisé par Clément Cusseau
© Wild Side
"Si j'étais Beethoven, ce film serait un peu ma "Huitième Symphonie". Si j'étais Sam Peckinpah, je le comparerais à sa ballade élégiaque Junior Bonner, qu'il a tournée entre ses films les plus violents Chiens de paille et Le Guet-apens." Park Chan-wook
De quoi ça parle ?
Internée, Young-goon est persuadée d'être un cyborg. Elle refuse de s'alimenter préférant sucer des piles et parler aux distributeurs automatiques. Il-Soon pense que tout va bien ! Grâce à son pouvoir qui lui permet de voler les qualités des gens qu'il observe, il est le seul à la comprendre. En tombant fou amoureux d'elle, il va tenter de la ramener à la réalité...
Ce qu'il faut savoir
Sorti de sa trilogie consacrée à la violence, Park Chan-wook décide de changer d'air. Quitte à surprendre les observateurs et à aller là où on ne l'attend pas forcément. Avec Je suis un cyborg, le cinéaste s'attaque à une romance envoûtante et stylisée dans laquelle il peut s'essayer à une esthétique toujours plus recherchée, confirmant la tendance progressive dans sa filmographie où la place donnée au visuel prend de plus en plus d'importance (sans pour autant délaisser le récit de ses films, bien au contraire).
La rupture engagée avec Lady vengeance est enclenchée dès l'apparence visuelle générale du métrage, passant d'un film presque monochrome à un univers coloré et acidulé, beaucoup plus joyeux. Pourtant, si les tendances visuelles du réalisateur changent, il n'en est rien pour le traitement scénaristique de ce film qui s'inscrit pleinement dans la logique des précédents films de Park Chan-wook. Malgré ses tons optimistes, rappelons tout d'un même qu'il s'agit d'un film traitant de la folie et que l'action se situe dans un hôpital psychiatrique (encore une fois, l’enfermement) bien que la noirceur de son œuvre soit atténuée. Je suis un cyborg se présente, au final, comme un étrange film hybride, se situant quelque part, sur l'autoroute cinématographique, entre Vol au-dessus d'un nid de coucou et Eternal Sunshine of the Spotless Mind.
Le renouvellement d'un cinéaste
S'intéresser à Je suis un cyborg permet à tout observateur de constater les moyens mis en œuvre par Park Chan-wook pour se détacher de ses précédents films : rupture du ton visuel comme on l'a vu, mais également volonté de s'essayer au genre comique ou encore de travailler avec de nouveaux comédiens, lui qui avait été jusqu'ici assez fidèle à un noyau dur de collaborateurs (Song Kang-Ho, Min-sik Choi notamment). Il est également intéressant de noter que celui qui a été choisi pour représenter la Corée dans le film à sketches 3 extrêmes délaisse ici la violence qui composait l'identité thématique de sa filmographie jusqu'ici (aussi bien sur un point physique que moral).
Pour autant, l’esthétisme du film ne se limite pas qu’à de jolies couleurs mais colle parfaitement au récit, permettant au réalisateur de redoubler d’inventivité, lui qui a toujours accordé beaucoup de sens aux images de ses films. La sobriété de Sympathy for Mr. Vengeance laisse place à une œuvre beaucoup plus libre et lyrique, où la recherche d’un réalisme presque documentaire est totalement abandonnée. C’est également une vraie bouffée d’air frais pour un cinéaste en quête de renouvellement qui délaisse même la politique pour se focaliser sur les rapports humains, un sujet de fascination pour le réalisateur qui est plus humaniste que contestataire (bien qu'il ait pour habitude d'allier les deux).
Je suis un cyborg a bénéficié d'une diffusion mondiale et s'est même vu décerner un prix au festival de Berlin, confirmant l'habitude prise par le cinéaste à rafler des récompenses dans les manifestations cinématographies majeures. Etonnant, ce "petit" film fleur bleu confirme par ailleurs la volonté du cinéaste de se renouveler entièrement (changement amorcé dès Lady vengeance). Rarement un cinéaste n'aura osé relever un pari aussi risqué, en pleine gloire de surcroît, mais force est de constater que Park Chan-wook entend anticiper les obstacles et de continuer à surprendre son spectateur, comme il a su le faire jusqu’ici.
L'anecdote en +
Je suis un cyborg a été entièrement tourné en numérique à l'aide de la caméra HD Viper Film Stream déjà utilisée par David Fincher pour Zodiac et Michael Mann pour Miami vice - Deux flics à Miami. C'est la première fois que cette caméra est utilisée pour un long-métrage coréen.
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