A l'occasion de la sortie de "Stoker", focus sur les films du réalisateur sud-coréen Park Chan-wook. Dossier réalisé par Clément Cusseau
© Le Pacte
"Parce que le le Christ a racheté nos pêchés, nous pouvons accueillir la mort comme un repos éternel." Extrait de l'Aria de Jean-Sébastien Bach
De quoi ça parle ?
Sang-hyun est un jeune prêtre coréen, aimé et respecté. Contre l'avis de sa hiérarchie, il se porte volontaire pour tester en Afrique un vaccin expérimental contre un nouveau virus mortel. Comme les autres cobayes, il succombe à la maladie mais une transfusion sanguine d'origine inconnue le ramène à la vie. De retour en Corée, il commence à subir d'étranges mutations physiques et psychologiques : le prêtre est devenu vampire. Mais la nouvelle de sa guérison miraculeuse attire des pèlerins malades qui espèrent bénéficier de sa grâce. Parmi eux, Sang-hyun retrouve un ami d'enfance qui vit avec sa mère et son épouse, Tae-Ju. Il succombe alors à la violente attirance charnelle qu'il éprouve pour la jeune femme...
Ce qu'il faut savoir
Après plusieurs projets avortés à l'étranger (dont le remake d'Evil Dead), Park Chan-wook repousse son aventure hollywoodienne encore une fois pour réaliser Thirst, ceci est mon sang. Néanmoins, ce refus n'est pas total puisque le film sera financé majoritairement par le studio américain Universal. Cela sans occulter la liberté artistique du cinéaste depuis plusieurs années qui signe une œuvre très surprenante qui s’inscrit non seulement dans la logique de son œuvre mais lui permet également de créer un pont narratif avec Stoker, son film suivant.
Toujours aussi intéressé par l'aspect visuel, Park Chan-wook n'en néglige toutefois pas ses obsessions de narration et quelques-uns de ses thèmes de prédilection : l'enfermement, la rédemption ou encore la manipulation. On pourrait considérer Thirst comme un film de vampires, mais ce serait une erreur tant on réalise bien assez vite réalité le thème est secondaire et sert de prétexte au réalisateur pour raconter une histoire sur des êtres humains de plus en plus isolés du reste du monde au fur et à mesure qu'ils se salissent les mains (de sang). Une narration qui n’est pas sans rappeler celle de sa trilogie.
Un projet de longue haleine
Thirst est un projet très personnel pour Park Chan-wook. Dès le tournage de Joint security area, il présente le film à Song Kang-Ho auquel il propose le rôle principal. Il faudra cependant neuf longues années pour qu'il se tourne, période durant laquelle les deux hommes deviendront connus mondialement et collaboreront dans Sympathy for Mr. Vengeance et Lady vengeance. En situant l’histoire à notre époque, le cinéaste se démarque de la référence en la matière, à savoir Dracula de Bram Stoker (qui paradoxalement sera une forte inspiration pour son film suivant qui n’aura pourtant pas pour sujet les vampires), car sa vraie fascination, c'est d'étudier le genre humain au sein d'une société inégalitaire dans laquelle deux êtres aliénés par l’isolation et le rejet se retrouvent livrés à eux-mêmes.
La violence n'a jamais été autre qu'un facteur d'expression pour les personnages de ses films, qu'elle soit sur fond de politique (Joint security area), sociale (Sympathy for Mr. Vengeance) ou alors psychologique (Old Boy et Lady vengeance) en plus d’être graphique. Ici, deux personnes rejetées par la société (un prêtre et une femme) se retrouvent, par les hasards du destin, liés et entrainés dans une spirale de violence qui ne leur laissera très vite qu'une seule issue possible : la mort. En somme, une sorte de Bonnie and Clyde coréens sur fond d’histoire de vampires.
La forme de vampirisme qui touche les deux protagonistes est évoquée comme une sorte de maladie que l'on pourrait identifier comme le SIDA, autre mal qui se transmet par le sang. Ce parallèle n'est pas à prendre à la légère d'autant plus lorsqu’on connait l'importance qu'accorde Park Chan-wook sur les travers de la société moderne. A travers Thirst, son indignation se porte sur les écartés et marginaux à qui l'on enlève toute humanité Un point de vue globalement pessimiste mais contrebalancé par l'humaniste dont fait preuve le réalisateur, qui a souvent accordé sa sympathie aux personnages désireux de se remettre dans le droit chemin (et, à l'inverse, a su punir ceux qui ne le méritent pas, comme dans Old Boy).
Dernier film réalisé par Park Chan-wook avant son premier essai hollywoodien, Thirst surprend tant par le fond que la forme, et l'audace narrative de ce film a de nouveau valu au cinéaste l'éloge de la critique et du festival de Cannes qui lui a remis un prix du jury, cinq ans après le triomphe de Old Boy.
L'anecdote en +
Bien qu'il ne s'agisse pas à proprement parler d'une adaptation, le film s'inspire grandement du roman Thérèse Raquin d'Émile Zola bien que le contexte du récit soit modifié. Le livre est néanmoins crédité dans le générique de fin comme l'inspiration principale du scénario.
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