Cinéma iranien d'aujourd'hui : 10 portraits, 10 parcours - Page 3

Né le 22 juin 1940 à Téhéran, capitale de l'Iran.

Comment tout a commencé...

Enfant, Abbas Kiarostami n'est pas connu pour ses exploits à l'école: assez mauvais élève, il est très tôt attiré par le dessin et la peinture. Il entre aux Beaux-Arts de Téhéran à l'âge de 18 ans. Il commence à monnayer ses talents de dessinateur en concevant des affiches, des couvertures de livres, puis en travaillant pour une société de production de films publicitaires. Il écrit et réalise, de 1960 à 1969, plus de 150 spots.  En 1969, il fonde un département cinéma au sein du Kanoun, l'Institut pour le développement intellectuel des enfants et des jeunes adultes. Il y tourne d'abord des courts métrages de fiction dont les protagonistes sont des enfants filmés dans leur quotidien, en famille ou à l'école.

La marque Kiarostami

"Nous ne pouvons jamais nous approcher de la vérité sauf en mentant " voilà le mot d'ordre du réalisateur qui rapproche sa démarche artistique du "mentir vrai" d'Aragon.  C'est peut-être pour cela que le réalisateur s'attache très souvent à mettre le cinéma en abyme dans ses films (Close up, Le Vent nous emportera). Considéré comme l'un des chefs de file de la Nouvelle Vague iranienne (appelée également "cinéma différent") qui fait son apparition dans les années 60, le style de Kiarostami allie réalisme et  symbolisme avec brio. A travers des fables du quotidien, il parvient à brouiller les frontières entre fiction et réalité, s'inspirant du néoréalisme italien. Il évoque ainsi les écarts entre le monde citadin et  le monde rural, dans Le Goût de la cerise ou Le Vent nous emportera, il donne la parole aux femmes dans Ten et s'attache à dresser des portraits de l'enfance iranienne (La Récréation, Ou est la maison de mon ami?). Il utilise également le détour par fable ou la narration allégorique, qui, bien souvent, lui permettent de contourner la censure.

Copie conforme

Et au-délà des frontières ?

Malgré l'immense notoriété du réalisateur en Europe, et plusieurs grands prix (Palme d'Or pour Le Goût de la cerise en 1997) il faut attendre 2010 pour que le réalisateur se décide à tourner hors de l'Iran. Il part donc en Toscane pour tourner Copie conforme, emmené par Juliette Binoche et William Shimell. Ce film marque une rupture dans la carrière du réalisateur. Touchant du doigt le thème de l'intimité d'un couple bourgeois en Italie et usant d'une mise en scène très sophistiquée, Kiarostami s'éloigne radicalement des grands espaces iraniens et des préoccupations sociales qui, jusque là, jalonnaient sa carrière. C'est au Japon qu'il a démarré la semaine dernière le tournage de son nouveau film, The End, autour de la relation entre une étudiante qui se prostitue (Rin Takanashi) et un vieil universitaire érudit (Tadashi Okuno).

La bande-annonce de "Copie conforme"