De la théorie à la pratique : ces critiques de cinéma devenus réalisateurs - Page 2

A l’origine et à la tête des magazines Première (1976) puis Studio Magazine (1987), Marc Esposito propose une alternative au cinéma élitiste des Cahiers du cinéma et de Positif. Sous son impulsion, la critique de cinéma informe plus qu’elle n’analyse, se popularise et…se vend ! A l’écrit, il mettait en avant le travail des acteurs jusqu’ici délaissés au profit des "auteurs". A l’écran, il les dirigera avec attention, plus intéressé de les voir exercer leur art que de mettre en scène le sien. Après un documentaire sur son acteur fétiche et ami Patrick Dewaere sélectionné à Cannes, il quitte Studio et la vie parisienne pour se lancer dans la fiction. Le Coeur des hommes (2003) porte les fruits de ses convictions et influences : à la manière de Claude Sautet et d’Yves Robert, cette comédie chorale centrée sur quatre pères de famille est un hymne à ses acteurs et s’inscrit dans la lignée de ses futurs films de "potes", faits d’amitiés viriles et de situations sentimentales délicates.

Interview de Marc Esposito et de ses acteurs pour "Mon Pote"

A la suite de son complice Marc Esposito, Jean-Pierre Lavoignat prendra la tête de la génération Studio, ces cinéphiles amoureux des metteurs en scène mais se rendant compte de l’importance de l’acteur au cœur du film. Entre les deux, le coeur du critique balancera toujours un peu, puisqu’il signera deux documentaires pour la télévision, l’un sur le cinéaste James Gray, l’autre sur l’actrice Charlotte Gainsbourg, suivant ainsi les traces de son ami.

Le premier numéro de Studio

C’est par le biais de la presse écrite mais aussi de la radio (France Inter et Fun) et de la télévision (CinéClassics) que Denis Parent exerce son métier de critique. Faisant également partie des fondateurs de Studio Magazine, il s’y distingue par ses goûts tranchés et l’ironie grinçante de sa rubrique "Les bras m’en tombent". Son premier long métrage ressemblera à ses chroniques : se réclamant des comédies noires et acides de Billy Wilder et de Blake Edwards, Rien que du bonheur offre une peinture à la fois vinaigrée et tendre de l’univers du showbiz et plus précisément de la presse. Une presse qui reprochera au réalisateur pince-sans-rire de n’avoir pas mis la même exigence dans ses images que dans ses écrits.

Bande-annonce de "Rien que du bonheur"

Passionné dès son adolescence par la réalisation de courts métrages, Laurent Tirard étudie le cinéma aux Etats-Unis et devient lecteur de scénarii chez Warner avant d’embrasser la carrière de journaliste cinéma. Sept années durant chez Studio, il est à l’initiative d’une série d’interviews de grands cinéastes (de Woody Allen à Wong Kar-Wai en passant par David Lynch et Jean-Luc Godard), qu’il réunit en deux recueils, Les Leçons de cinéma. Fort de ces confidences sur la manière de faire, il se lance et réalise en 2003 Mensonges et trahisons et plus si affinités..., porté par Edouard Baer. Désireux de mettre en scène un film personnel et sombre, il livre au final une romance légère, témoin de son penchant pour la comédie de mœurs à la Woody Allen. Après ce premier long satirique et contemporain, il changera de cap et d’époque, avec Molière, Le Petit Nicolas et Astérix et Obélix : God Save Britannia, puisant dans le patrimoine culturel français, qu’il a toujours résolument préféré à l’américain.

Bande-annonce de "Mensonges et trahisons et plus si affinités..."