De la théorie à la pratique : ces critiques de cinéma devenus réalisateurs
samedi 2 avril 2011 - 06h00

L'auteur des "Yeux de sa mère", Thierry Klifa, fut journaliste à Studio. De Godard à Christophe Gans, ils sont nombreux à être passés de la théorie à la pratique... Revue de détail. Dossier réalisé par Julien Dokhan et Laetitia Ratane.

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Avec l’éclosion de la Nouvelle Vague, les passerelles entre les bureaux des Cahiers du cinéma et les plateaux de tournage sont nombreuses. En dehors des 5 réalisateurs-« stars » déjà évoqués, des dizaines de critiques de la même génération s’essaient à la réalisation, de façon plus ou moins durable. Avant même Truffaut and co, Jacques Doniol-Valcroze, co-fondateur des Cahiers du cinéma, s’y collait avec un certain succès grâce à plusieurs marivaudages rafraîchissants, comme L'Eau à la bouche ou Le Coeur battant. Autre aînés, proches de la Nouvelle Vague : Roger Leenhardt, critique à Esprit (puis aux Cahiers), qui réalise en 1947 Les Dernieres Vacances ou Alexandre Astruc, qui forge dans l’Ecran français le concept de « camera-stylo » avant de réaliser des adaptations de Maupassant ou Flaubert.

 

 

Luc Moullet se distinguera par son humour, aussi bien dans les pages des Cahiers du cinéma que dans ses films, courts et longs métrages sociologico-comiques très originaux. Professeur et théoricien influent, Jean Douchet réalisera plusieurs courts métrages, et un long métrage conçu à partir de la pièce de Goldoni, La Servante aimante (La Serva Amorosa) en 1996. On peut également citer Claude de Givray, complice de Truffaut, Jean-Louis Comolli, connu pour ses documentaires sur la classe politique marseillaise tournés dans les années 90, Paul Vecchiali, Jean-Claude Biette, et, de façon plus confidentielle, Pierre Rissient, Alain Bergala ou Alain Philippon. Après avoir échoué à l’IDHEC, le jeune André Téchiné entre à la rédaction des Cahiers en écrivant une critique sur La Peau douce de Truffaut en 1964. Un an plus tard, il s’attelle à son premier court métrage… On connait la suite. Tout se passe un peu comme si la revue se substituait à une école de cinéma pour certains passionnés. En 1969, Pascal Bonitzer, diplômé en philosophie, intègre une revue alors en plein période maoïste. Il deviendra d’abord scénariste, surtout auprès d’autres anciens des Cahiers (Rivette, Téchiné…) puis réalisateur de comédies finement dialoguées (Rien sur Robert).

 

Bande-annonce de "La terre de la folie" de Luc Moullet

 

 

Dans les années 80, Olivier Assayas (qui a également été critique à Rock'n'folk) est un des premiers journalistes français à s’intéresser de près à la Nouvelle vague du cinéma asiatique. Une passion qui le poursuivra, à travers ses fictions (Boarding Gate, tourné en partie à Hong Kong) ou un documentaire consacré à Hou Hsiao-Hsien. Serge Le Péron (J'ai vu tuer Ben Barka), Danièle Dubroux (Border line), Herve Le Roux (Reprise) sont également passés par « l’école » Cahiers. Et dans la jeune génération, on peut citer les noms de Mia Hansen-Love (Le Père de mes enfants) ou Cédric Anger (Le Tueur). Serge Toubiana, rédacteur en chef dans les années 80, a co-signé avec Michel Pascal (critique du Point) un portrait de François Truffaut. Il dirige aujourd'hui la Cinémathèque Française.

 

Bande-annonce de "Carlos" d'Olivier Assayas

 

 

Si la revue a pu être accusée de copinage dans le passé (les films de la Nouvelle Vague étant traités avec une certaine bienveillance), ce n’est plus vraiment le cas aujourd’hui… Il suffit de lire les critiques des derniers films de Christophe Honoré (chroniqueur iconoclaste des Cahiers au milieu des années 90) ou même de Thierry Jousse, longtemps rédacteur en chef, et auteur récemment de Je suis un no man's land, étrillé à sa sortie dans les colonnes de la revue… Pour finir dans la réconciliation, évoquons Bertrand Tavernier, qui fut, dans les années 60, à la fois critique aux Cahiers du cinéma et à Positif, les deux grandes revues de cinéma, rivales depuis toujours… Une forme d'exploit !

 

Thierry Jousse et son acteur Philippe Katerine nous parlent de "Je suis un no man's land"

 

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Commentaires

  • Leon9000

    L'avantage des critiques de cinéma qui passent à la réalisation, c'est qu'ils savent souvent bien mieux présentés leurs films avec des mots que les réalisateurs traditionnels (normal c'était leur métier pendant longtemps). Christophe Gans est vraiment captivant à cet égard.

  • gimliamideselfes

    Beaucoup plus intéressant que d'habitude

  • Aladdyen

    genail comme dossier

  • twingolot

    Chez les Américains, il me semble que Paul Schrader était aussi critique de cinéma lorsqu'il a commencé à écrire les scénarios de Yakuza et Taxi Driver. Il est passé à la réalisation un peu plus tard. Néanmoins il est vrai que c'est plus en tant que scénariste de quelques films de Scorsese qu'en tant que réalisateur qu'il s'est distingué.

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