Grâce entre autres au sérieux et la maturité d'esprit avec lequel elle traitait son concept de base pourtant très ancré dans une logique de comics, en restant fidèle à sa démarche jusqu'au bout, la première saison de "Daredevil" s'est immédiatement imposé comme le nouvel étalon super-héroïque sur petit écran (enfin sauf si on considère que "Dexter" est un super-héros). Toute la question était de savoir si cette seconde saison allait bel et bien transformer l'essai. Autant dire que j’en attendais beaucoup de cette saison 2 : le Punisher est sans aucun doute mon personnage préféré de l’univers Marvel (en plus d’être badass à souhait c’est une mine d’or pour scénaristes talentueux) et son interprète Jon Bernthal ne m’a jamais déçu en plus d’avoir la carrure et la gueule de l’emploi. Vous vous doutez bien au vu de la note que cette saison m'a fait l'effet d'une douche froide mais ma déception ne vient clairement pas du niveau auquel j’avais placé la barre parce que tous ces éléments en lesquels j’avais placé de grandes attentes sont de franches réussites. Les quatre premiers épisodes centrés autour du Punisher sont un pur délice, les scénaristes ont su traiter l'anti-héros avec l'intelligence qu'il mérite en l'introduisant au sein de l'univers de Daredevil et en l'opposant au héros du titre (sans en faire un ennemi pour autant). Ces deux personnages alimentent une dynamique vraiment intéressante, obligeant sans cesse l'un et l'autre à remettre en question leurs propres principes, sortant ainsi de leurs stéréotypes ce qui rend les personnages plus humains. Tout ça tournant autour de la problématique du droit de vie ou de mort sur autrui esquissé dans la saison 1 mais qui prend ici une toute autre dimension. Et j’aime beaucoup l’orientation que prend l’intrigue autour du Punisher même passé l’épisode 4 : il devient un enjeu quasi politique au sein de l’univers de la série ce qui permet d’explorer plus en profondeur l’ambiguïté de ce qu’il représente. Tous les personnages ont un avis différent à propos des actions du Punisher et cela donne lieu à des débats assez passionnants. En plus j'adore les procès à l'écran, c'est mon petit péché mignon. Et j'oubliais presque de mentionner que sans surprise Jon Bernthal casse la baraque à chacune de ses apparitions à l'écran. Vu comme ça, on croirait que je viens de voir l'une des meilleures saisons que j'ai jamais vu. Et c'est en partie vrai en fait, vu qu'à partir de l'épisode 6 la série se décompose clairement en deux séries qui n'ont rien à voir l'une avec l'autre, le showrunner ayant eu l'idée...audacieuse on va dire, de mélanger l'arc du Punisher de jour, très serious business, qui pose de véritables problématiques qu'il traite intelligemment, avec l'arc Elektra, de nuit, et tout ce qu'il implique de kitsch purement hérité des comics. Parce que oui parallèlement au procès du Punisher il est question de combattre la menace d'une organisation Japonaise millénaire qui recherche ni plus ni moins que...la conquête du monde si j'ai bien compris ? Je ne sais pas, à vrai dire tout ça est excessivement flou, ça fait deux saison qu'on nous rabâche à quel point cette organisation est méchante mais on n'en sait pas plus qu'au début. Les puristes rétorqueront qu’une histoire de Daredevil sans la Main est impossible, ça fait partie intégrante de la mythologie Daredevil (s’il y a une mythologie Daredevil), mais quitte à céder à la facilité il y avait sûrement moyen de moderniser un peu les éléments de cet arc, non ? Parce que j'avoue qu’au sortir d’une scène adulte et sérieuse impliquant le procès du Punisher j’ai du mal à prendre avec autant de sérieux des ninjas rouges qui se trimballent dans New-York avec des arcs et des flèches (*soupir*). Et puis je ne connais Elektra que d’une poignée de très vagues souvenirs de pages de comics Daredevil et de ses deux apparitions sur grand écran dans « Daredevil » et « Elektra » qui, croyez-le ou non, était d’un niveau autrement plus bas que le film avec Ben Affleck. Mais franchement le personnage ne m’attire pas du tout, même dans cette série j’ai l’impression qu’il n’a rien à dire et sur ce point il souffre extrêmement de la comparaison avec le Punisher. Elle est censée poursuivre la problématique du droit de vie ou de mort sur autrui abordée par le Punisher mais elle n’y ajoute rien. Et puis je ne suis pas totalement jouasse de l’interprète, mais à vrai dire je ne sais pas si c’est son jeu qui m’énerve ou le personnage. En tout cas ses répliques sont d’un nian-nian…Enfin bref au bout d’un moment la série s’engouffre carrément dans l’arc Elektra ce qui n’est pas une surprise, et j’en viens à limite comater pendant la majorité des épisodes pendant lesquelles les séquences de l’arc Punisher ou les rares apparitions du Caïd (brèves ais intenses) font office d’électrochoc et, pour le coup, de bouée de sauvetage, parce que sans cela je n'aurais clairement pas fini la saison. C'est juste pas ma tasse de thé. Un constat mi-figue mi-raisin donc, je ne suis pas totalement hermétique aux scénarios rocambolesques comme peut en trouver dans les comics, mais j'aurais nettement préféré que la série assume son identité jusqu'au bout et reste fidèle à sa démarche très serious business.