Daredevil 2.5 / 3
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Les supers héros, c'est pas mon truc, mais alors pas du tout. Par hasard et grâce à la critique (merci à vous), j'ai regardé The Punisher, qui m'a très agréablement surpris. Naturellement, j'ai voulu en savoir plus avec la série hôte, Daredevil. Et du coup, ça ne m'a pas réconcilié avec Marvel.
Alors posons les jalons,si on est néophyte (les autres, passez votre chemin), Daredevil, ça raconte quoi ?
Comme (presque) tous les super héros, l'histoire est une redite. C'est l'histoire d'un type qui a un handicap, moteur, social, (mental ?) sans doute pour faire référence aux personnes plus faibles que les autres et qui malgré tout peuvent faire quelque chose d'extraordinaire de leur vie, comme par exemple péter la margoulette des méchants. C'est aussi un gars qui est dans le camp des gentils, avec des vertus morales, et qui veut combattre le crime, tout seul comme un grand.
Dans Daredevil, le héros, lui, est aveugle (et alcoolique). Enfin aveugle, pas tant que ça, puisque tout le monde sait bien que grâce au développement de ses autres sens, un aveugle arrive quand même à tenir la barre sans problèmes, c'est bien connu... On s'attend alors à un super héros qui se guide frâce aux sensations, aux sons (à l'odeur ? Des ennemis qui pètent ?), mais en fait c'est plus simple que ça, puisque grâce à ses sens super développés, on apprend assez vite, image à l'appui, que notre ami est un aveugle... qui voit. Oui, littéralement, il voit. Tout simplement. Et donc, non seulement c'est un aveugle qui voit, mais en plus, ses autres sens super développés lui permettent d'entendre un ennemi qui pète (encore ??) à 3 km, ou sa maman qui lui dit de ranger sa chambre.
(Bon évidemment, de maman il n'en a pas, car nous avons là un authentique orphelin fragile à l'enfance rude, comme s'il n'y avait déjà pas assez de clichés comme ça jusqu'ici).
Bref, ce n'est donc pas à un handicapé empoté qu'on à affaire mais à un véritable monstre aux capacités hors normes, d'autant plus que le bonz est expert en arts martiaux en tout genre, sports de combat, maniement des armes blanches. Il faut dire que le père du larron était boxeur, ceci explique (en partie) cela (WTF ?). Donc en fait pour le coup de l'handicapé qui combat le crime et dont la situation devrait parler à tous les handicapés, les faiblards et les introvertis, faudra repasser.
Vous voyez donc qu'à la simple évocation du personnage principal, il y a déjà de quoi se lécher les babines devant tant de nanardise.
Dans la vie, notre super héros est avocat (mais avocat que des gentils, c'est donc un avocat à mi-temps, encore que son activité de justicier étant un full time job, il est peut être à 1/3 temps, 1/4 temps).
Il est accompagné par son fidèle accolyte Machin, également avocat. Lui aussi a un terrible handicap, les producteurs l'ont fait geek, moche et niais. Heureux soient lesdits producteurs, car rien qu'avec ces deux personnages, on touche 90% du public qui va s'y identifier, quel talent ! Mais Machin possède aussi des supers pouvoirs, deux principalement : 1) malgré son coté lourdaud, il branche des nanas canons (le public cible reprend espoir). Et 2), il a le pouvoir d'éloquence soudain, c'est à dire qu'au milieu du ramassis ne niaiseries qu'il sort, pif paf pouf, à un moment, il te crache LE discours smart plein de vérités et d'émotions qui le tire de toutes les situations mal embarquées. Je dis bien toutes.
Et ces joyeux drilles sont accompagnés d'une blonde sainte nitouche discrète et réservée (quelle originalité), et qui partage un autre super pouvoir avec ses deux collègues, c'est celui de décuver en un temps record. En effet, les personnages sont des alcooliques qui passent leur temps à se prendre des murges monumentales et sont frais comme des gardons pour aller combattre le crime / plaider au tribunal / enquêter sur les activités des méchants à 8h pétantes. Je vous met au défit de faire pareil. Même si vous avez 20 ans.
Pour compléter le tableau des personnages originaux, nous avons le mentor du héros, sorte de vieux sage (pas si sage), un aveugle lui aussi, qui a enseigné toutes ses techniques au héros, et qui lui aussi est très fort. Nous avons un gros méchant (c'est grosse baleine !) psychopathe, riche et torturé. Un yakusa super balaise en karaté. Une vieille chinoise qui marche avec une cane et qui est capable
d'envoyer notre héros au tapis en un seul coup de poing (ça doit être la mère de Chung Lee).
Et dans la deuxième saison arrive un personnage à la hauteur de la série, une ex-copine du héros, une brune maigrelette qui n'est pas en reste quand il s'agit de se battre contre des hordes de méchants en pijama. Elle aussi a son handicap : c'est LE prototype de la pétasse méprisable (et méprisante) arriviste, riche et belle évidemment, et qui va sévèrement rentrer en concurrence frontale avec notre blonde sainte nitouche pour les beaux yeux (si on peut dire) de notre héros (ça alors !).
Tout ce beau monde se bagarre joyeusement à un rythme soutenu, sachant qu'un épisode de Daredevil, c'est au minimum 15 minutes de baston au bas mot. A chaque fois c'est un peu la même chose, 30 ou 40 guss tombent sur notre héros (ou nos héros, parfois ils font des duo ou des trio, pour varier les plaisirs, sinon ça deviendrait redondant, le public risquerait de s'en rendre compte). Et à chaque fois, ils sortent vainqueur, bien sur. Alors on peut chipoter, à chaque fois la cohorte d'antagonistes se ruent sur les héros, mais seulement un par un. Et puis surtout, les bras ballants, sans se protéger, en mode touriste. Alors, quand c'est face à du menu fretin genre sbire de gang de rue, à la limite qu'ils ne savent pas se battre, ni avoir de garde de boxe minimum et mettre les poings devant la figure, allé, à la rigueur, ce ne sont que des membres de gangs ou du crime organisé hein. On n'attend pas d'eux qu'ils se soient déjà battus au moins une fois dans leur vie. Mais quand il s'agit de ninjas ou des genre de samurais, là c'est plus problématique.
C'est dire le niveau de la mise en scène.
Finalement, Daredevil, ça mériterait donc une note de 0. Ou un 0.5 ? Et pourtant, c'est une série qui se laisse regarder parce qu'elle exploite au poil des ficelles scénaristiques (grosses comme un pipeline certes) éprouvées (éculées ?). En fait, ça a beau être n'importe quoi, ça marche. Parce que l'histoire donne envie d'aller voir l'épisode n+1, qu'on ne s'ennuie pas trop, et que si on regarde avec un peu de recul, on rigole bien. Bref, vivement la saison 3, on verra peut être des nains bondissants ou des manchots lanceurs de couteaux.