Trônant sans le moindre doute sur les plus hautes marches du Box-Office interne à Netflix, Daredevil ou la première collaboration entre le géant du SVOD et la firme Marvel, s’offre une seconde saison plus volumineuse, dans les intentions, que ce qui fût fait durant la première. Nous ressortions, il y a tout juste un an, de la confrontation entre le démon de Hell’s Kitchen et son ennemi juré, le big boss de la pègre Wilson Fisk, avec la certitude que le super-héros, par définition, avait trouvé sa juste place dans le catalogue de Netflix. Plus sombre, plus violent, accessoirement plus spectaculaire que toutes les déclinaisons du genre au cinéma, ou presque, Daredevil offrait une opportunité à un public neutre de se passionner pour un genre aussi surexploité, en usant de codes cette fois-ci destinés à l’adulte. Cette deuxième saison, donc, si elle commence sur les chapeaux de roues, les quatre premiers épisodes sont excellents, s’embourbera pourtant bien vite dans les méandres d’une débauche narrative quasi-incontrôlée.
Oui, le justicier aveugle, non-content de se confronter à son pendant meurtrier, le Punisher, devra rapidement faire face à des personnages ressortant de son passé, à une organisation criminelle japonaise vaseuse, à toute une ribambelle de mésaventures, le tout à un rythme frénétique qui fera pencher le show vers la foire aux ninjas et aux bonnes intentions. Tout démarre fort, oui. Mais tout finira confusément, dans un élan brouillon qui tendra à confronter, par la suite, notre héros du moment à toute une mythologie construite à la hâte. A trop vouloir en faire, on se marche sur les pieds. Fait d’autant plus regrettable que l’incursion du personnage du Punisher dans la franchise est prometteuse et réussie et que les petits retours du dénommé Wilson Fisk constituent sans doute les moments les plus forts de la saison. En gros, on se serait bien passé des présences d’une Elektra douteuse, d’une menace japonaise nébuleuse et de tout ce qui tournera autour de cette intrigue inaboutie.
Coté casting, Charlie Cox fait le boulot, confronter pourtant à un Jon Bernthal au charisme bien plus conséquent, ce qui fût déjà le cas avec Vincent d’Onofrio par le passé. Le démon de Hell’s Kitchen a la particularité d’être inférieur, en intérêt qu’on pourrait lui porter, à ses ennemis. C’est sans doute ce qui fait l’attrait de la série, ce qui fît l’attrait, au passage, de Jessica Jones. Les méchants sont toujours plus passionnants que les héros pensifs, bienveillants et souvent mielleux. Logique, donc, que de voir Bernthal et d’Onofrio prendre incessamment le dessus. Comme mentionné plus haut, ça ne sera malheureusement pas le cas d’Elektra ni des ninjas de la Main.
Une proposition foutraque, donc, que cette seconde saison, une proposition spectaculaire, certes, mais mal jugulée. On peine, très franchement, à entrevoir les ouvertures possibles entre la série et les futurs Defenders tant Drew Goddard semble gourmant avec son seul Daredevil. Reste maintenant à attendre Luke Cage et Iron Fist, histoire d’avoir une vue d’ensemble plus concrête de ce que sera l’avenir de la collaboration Marvel/Netflix, en espérant toutefois que les scénaristes soient à l’avenir mieux orgueilleux. 11/20