Pourtant, sur la pente savonneuse du méta-film critique, il eut été facile de tomber dans la révolte conventionnée et la polémique de pacotille. Ce qui sauve le film, c'est son humilité et son aspect très divertissant.
Claire Denis crée encore une fois la surprise en réunissant Valérie Lemercier et Vincent Lindon dans une histoire simple, épurée, sensuelle, un film d'hiver qui vous réchauffe délicieusement grâce à une mise en scène intimiste, près des corps, en huis-clos.
Car Dérapages incontrôlés aurait pu être un grand film si les auteurs avaient été au bout de leurs convictions de départ et n'avaient changé la fin prévue au départ pour boucler l'intrigue, sacrifiant proprement tout ce qui a été entrepris dans tout le film, et lui ôtant son impact et son message.
Minority report excelle à montrer la naissance à rebours d'un surhomme démuni et impuissant, qui se traduit jusque dans son utilisation des écrans : langueur et vélocité, fléchage et segmentation de l'espace qui alternent tout en composant un mouvement vif et langoureux qui dilate l'espace-temps, dépasse l'arsenal technique jusqu'à la perte de sens.
Jörg Schüttauf, est la principale attraction et la seule véritable justification du film. Impeccablement dirigé, cet homme (...), dégage une force retenue, un magnétisme extraordinaire. (...) Sa performance d'acteur en ex-taulard désabusé, qui ne demande plus qu'à ne plus se méfier de tout, est une des plus impressionnantes qu'on ait pu voir au cinéma au cours de ces dernières années. Il y a vraiment des prix d'interprétation masculine qui se perdent.
Immersion dans le réel en marche avant, le film érige la conversation ou le récit oral comme autant de routes à emprunter, les corps étant configurés dans un espace restreint (une place assise), leur parole scandée par deux caméras qui les surveillent autant quelles les enregistrent.
11'09''01 est une oeuvre hétérogène, constituée de onze points de vue, chacun de onze minutes et neuf secondes plus une image. Cinéaste ou pas, prudence est le maître-mot : il est de bon ton d'être humble face à un tel sujet. Ici, certains films, conçus dans l'urgence, énoncent une réflexion très ambiguë, en particulier chez Amos Gitaï et Ken Loach.
Pourtant, le résultat ne convainc qu'à moitié. Duty nous a concocté une sorte de plat aux ingrédients très variés, une grosse salade pas toujours digeste, acidulé et chatoyante, stylisé et réaliste. L'ensemble est certes sympathique mas pas toujours bien fichu , comme un gros court métrage réalisé entre amis qui auraient du mal à faire rire au delà d'eux.
La cage demande tout et ne demande rien au spectateur. Juste de se laisser porter. Par les espaces d'un western moderne et âpre, d'une géographie imaginaire où s'aventurerait une fille en cavale de soi, libérée enfin d'un lourd passé. C'est un film qu'il faut voir, sentir, aimer.
Mais par autocensure ou conformisme, le réalisateur d'Un plan simple se contente de la chantilly sans attaquer le gâteau. Ca mousse et c'est joli à regarder, mais ça manque de consistance.
(...) le parti pris documentaire et objectiviste n'empêche pas une intention moraliste. Au fond, ne les juge-t-il pas un peu ces personnages, en ne leur accordant quasiment aucune chance ou dignité ? C'est dans cette limite entre le documentaire et le moralisme que réside la grande ambiguïté de Dog days, que d'aucuns pourront estimer franchement déplaisante et antipathique.
S'il abuse de la pyrotechnie dans les plans larges (...), Woo confirme sa virtuosité dans les luttes au corps à corps (...). En suivant quasi-systématiquement le parcours d'une balle, du tireur à la victime, la violence se fait plus intime. Définitivement tragique. À défaut de convaincre ses détracteurs lassés de son sentimentalisme exacerbé, Woo, grâce à ses partis pris efficaces en matière d'action, devrait agrandir son fan-club.
Tout au plus peut-on saluer le jeu réjouissant de Will Smith, faisant preuve ici d'un véritable talent comique, régulièrement en décalage volontaire par rapport au jeu sérieux et solennel de son compagnon. Ainsi que l'apparition géniale du roi de la pop Michael Jackson, capable semblerait-il d'auto dérision. C'est peu, mais ça garde éveillé sans le moindre effort.
Il faudra atteindre la toute dernière image pour que enfin ce corps de jeune fille, que la mise en scène ne cesse de vouloir transformer en icône, prenne vie, dans le clignotement d'une dernière fuite.
Le fruit de ce travail artistique commun de longue haleine est Dancing at the blue iguana : "une expérience humaine des plus extraordinaire". Soit. Cependant, et c'est malheureusement le danger premier d'un travail basé sur l'improvisation, le film manque cruellement d'une écriture qui puisse relier véritablement tous ces personnages.