Une fine couche entre fiction et réalité, troublante et engageante, existe lors de la rencontre de Vincent et Thelma. Rien ne semblait alors pouvoir briser l'intégrité déployée par Pierre-Alain Meier, pour faire corps à la sincérité atteinte. Rien sauf peut être la convention narrative et filmique dans laquelle le récit s'embourbe alors.
Quelques bonnes idées, donc, noyées dans un magma politique complexe et vaguement cohérent. Elles seront finalement peu nombreuses, et à la joie de revoir sur un écran le fameux générique défilant - leitmotiv de la série - succède rapidement la désillusion de constater que ô grand jamais, Lucas ne retrouve la force du meilleur épisode de la série.
Des stéréotypes féminins grossiers (la professeur d'art plastique fofolle, la maîtresse de Seymour hygiénique et sportive) sont introduits par les auteurs du film, sans autre justification semble-t-il que de surligner l'impossible épanouissement de son héroïne dans une condition féminine adulte.
On comprend bien le parti pris de Nicloux, capter l'essence du polar et brosser un portrait de privé fatigué, mais nous faire miroiter un mystère et désirer son dévoilement, pour in fine nous assommer d'une distanciation brutale, c'est d'abord impoli. Et ça fait planer un doute sur les mauvais esprits : l'auteur s'est-il plus laissé aller à une facilité scénaristique qu'à un hommage à Brecht ?
Avec un propos simpliste et direct et aussi quelques trucs, le réalisateur est parvenu à perdre son film en route, ce qui réserve de beaux passages exempts de dissertations, soutenus tant par un cadrage ambitieux que par des acteurs laissés plutôt libres.
En parvenant à tenir en haleine le spectateur sur la base d'un tel synopsis pendant près de deux heures, David Fincher (...) a encore réussi un coup d'éclat.
Loin des conventions, Le Voyage de Chihiro est un " film-mémoire" loin de tout et proche de nous. Aux peurs de l'enfance, s'ajoutent sa force et son impétuosité perdue d'un Japon qui, muet et masqué, s'interroge entre chimère et tradition.
Potacherie sans beaucoup d'intérêt ni de surprise si ce n'est le fait qu'il est finalement moins mauvais que prévu, le nouveau film de l'immortel auteur du rosselinien Le Ciel, les oiseaux, et... ta mère , reste un gros divertissement faisant un peu trop feu de tout bois.
Mais nous restons sur notre faim : la partie de chasse finie, tout ce petit monde repart comme il est arrivé, avec ses secrets; le spectateur lui, sort frustré !