Difficile de départager le " vrai " du fabriqué. Cette ambiguïté fait la force du film, mais aussi peut-être sa faiblesse (...). On finit toutefois par ne plus se poser de questions, tant cette indétermination est une question vaine. René comme personnage de cinéma charismatique et présence humaine (é)mouvante finit par s'imposer.
Pour le spectateur qui refuse d'entrer dans l'univers glauque et fantastique de Marina De Van, c'est évidemment une intense douleur qu'il ressentira, au lieu d'une immense poésie.
Le film fonctionne comme une série avec ses personnages types. En effet, les personnages sont tous bien identifiables et appartiennent chacun à un archétype du film de gangsters tout en s'en éloignant par certaines caractéristiques, les frères Russo ne retenant du stéréotype que sa dimension comique.
La caméra, avec sensualité et finesse, plonge au coeur des dessins, fixe le coup de pinceau, vif et précis sur la délicate feuille blanche posée à plat sur le sol, cadre la main sur le pinceau, filme l'observation méticuleuse et patiente de la nature par l'artiste en travail.
Particulièrement saisissant, War photographer est un documentaire qui donne à penser, à la fois par les images qu'il dénonce, mais surtout par la réflexion à laquelle se livre James Nachtwey, sur son métier.
Proche de The Mission en ce qu'il intègre beaucoup d'influences américaines, en premier lieu duquel le Michael Mann de Heat et Brian de Palma, Fulltime Killer (2001) est cependant autrement plus maîtrisé. Où devrait-on dire "calibré" pour satisfaire les exigences du grand public international tout en préservant une certaine ambition artistique apte à séduire aussi les cinéphiles.
Pour un garçon offre à son interprète principal l'occasion de jouer dans un registre nouveau, plus subtil, entre émotion et comédie, égoïsme et humour, en somme un rôle plus cynique et sarcastique que semble rechercher le comédien.
"La dernière lettre" possède la force de nous rappeler que l'Histoire, c'est avant tout, de l'intimité, de l'histoire avec un petit "h" ; celle de drames individuels, à échelle humaine alors que le flot continu d'images télévisuelles aujourd'hui, rend tout événement, froid, plat, abstrait.
Alors bien sûr Jay & Silent Bob ressemble beaucoup à une mauvaise plaisanterie, à un alignement futile de gags scatologiques. Mais c'est en endossant la panoplie d'un sociopathe défini par, plus que la cinéphilie, l'inculture et la frustration sexuelle, la dépendance au "pote" dans toute son ambiguïté sexuelle, que Smith localise une certaine confusion adolescente.
Une tentative de réflexion pertinente, mais qui reste vaine : on ne retient du film qu'une esthétisation formelle portée par un visuel étonnant et déroutant.
Avec une thématique pourtant surexploitée au cinéma (un homme perd accidentellement la mémoire) Kaurismaki réussit à livrer un film à l'écriture inventive, qui sort des sentiers battus.
On ne peut qu'apprécier le charisme des deux personnages, à défaut de rebondissements réellement palpitants. L'expression "film d'atmosphère" prend ici toute sa définition. Espérons juste que le talentueux Christopher Nolan ne se contente pas de brillamment diriger de grands comédiens mais tente de se surpasser pour son prochain film.
Affirmant sa défiance envers toute stabilité du plan ou du récit, feignant parfois son ralentissement comme il feint la compassion ou l'empathie pour ses personnages, Deux se déploie dans l'anecdotique (il ne se raconte pas), l'anodin bruyant (on peut que ne l'écouter), et érige le détail, l'insert en principe de collage graphique, photographique et musical.
Avec Bloody Sunday Paul Greengrass réussit, par une reconstitution minutieuse et hyperréaliste des événements, à livrer un film bouleversant et percutant.
Michael Moore c'est le gars qui se pose des questions avec simplicité, prend son bâton de pèlerin (sa caméra) et va rencontrer ceux qui ont fait une actualité qui lui pose problème pour tenter d'y apporter des réponses, en tout cas pour mettre en évidence les complexités d'un système voire ses aberrations. Il s'agit là d'un "work in progress" d'une efficacité redoutable tant l'enchaînement des situations est évident.
Si les deux premiers films de M. Night Shyamalan (...) avaient réussi à faire tourner unanimement la tête a des millions de spectateurs, gageons que celui-ci ouvre les yeux sur la pauvreté créative de son auteur.
Un Szpilman solidement interprété par Adrien Brody qui réussit, avec son regard triste et abattu, à faire passer toute l'émotion et la sensibilité du personnage.