Porté par le charisme et l'énergie de Pierre Dulaine (déjà à l'origine de "Dancing with me", de Liz Friedlander, en 2006), "Dancing in Jaffa" est un formidable et roboratif message de paix.
Sous le récit gloubi-boulga, la mise en scène branlante et un Keanu Reeves transparent - dont le rôle a été greffé à l'histoire originelle pour séduire le public occidental - percent une ambition épique et quelques beaux moments qui font plaisir à voir. Le reste, moins.
Architecturalement impressionnant, visuellement élégant, "Eastern Boys" a l'indéniable mérite de fuir les héros empathiques et les discours préfabriqués pour sonder les corps, jouer avec la peur sans pour autant négliger d'interriger l'éthique du spectateur.
Figure de genre, le duo de truands est réinventé par la grâce de ce premier film qui joue avec les codes pour attraper, au même piège, romanesque et réalisme.
Kim Chapiron ("Sheitan") élabore un teen-movie revu et corrigé par l'évangile libéral, belle idée portée par l'énergie d'une mise en scène offensive - beuveries estudiantines assez dantesque sur fond de "Lacs du Connemara" et un dialogue qui refuse de se cantonner à la culture de la vanne.
Dommage que cette alternative piquante aux épopées viriles qui célèbrent tranquillement le machisme ordinaire manque de rythme et d’un poil d’audace pour s’affranchir de quelques clichés "girly" qui traînent encore dans les coins.
Nourri des travaux de Joule et de Darwin ainsi que de la philosophie non violente de Gandhi, "Leçons d’harmonie" s’enlise parfois dans les concepts, mais sans rien perdre de sa beauté formelle.
C’est étonnant : comment un type qui pesait 150 kilos a-t-il pu devenir une dragqueen de renom ? Réponse : parce qu’il en rêvait. Preuve que tout est possible, même l’improbable.
Comme à chaque fois, il élit une œuvre dont il n’a pas écrit une traître ligne et la métamorphose en film d’auteur, truffé de résonances intimes. Le couple est un théâtre, les herbes folles envahissent la garçonnière de Georges, les femmes gambergent, les hommes s’angoissent, l’amour tourne au mélo, la mort, au roman, et une taupe – nouvelle arrivée dans le bestiaire de Resnais – pointe le bout de son nez.
Pia Marais tisse une série noire vénéneuse à souhait, jouant avec tact et subtilité des ressorts pervers de cette brillante analogie de la paranoïa sécuritaire sud-africaine. Un petit bijou de polar étouffant doublé d’un solide portrait de femme.
On passe de l’étonnement à l’émotion, du sourire à la complicité, avec ces excentriques et ces âmes oubliées. Le monteur, Jacopo Quadri, a passé huit mois à assembler ce puzzle : chapeau bas.
Le Cronenberg d’ "eXistenZ" et "Faux Semblants" aurait sûrement fait des merveilles d’un tel sujet ; Kiyoshi Kurosawa en tire une fable sommaire et sans mystère, tuée dans l’œuf à mi-parcours par une pirouette scénaristique qui ne tient pas la route.
La transgression, marque de fabrique du cinéaste, cède ici à une délicatesse d’écriture qui s’offre quelques jolis dérapages, pimentant à merveille cette bouleversante histoire d’amour abordée sans honte ni perversion.
Du courage, il en faut aussi au spectateur, sommé de digérer un flot massif d’informations complexes et retorses en un temps record (...). Passé cette terrible épreuve, on prend toutefois plaisir à se laisser embarquer par la mécanique horlogère de cet honnête et efficace thriller en col blanc.
Le constat, terrifiant, n’est pas neuf ; le film, aride et partial, l’illustre avec force. Il donne la parole à ceux qui ne l’ont pas, petits agriculteurs pollués, ruinés, acculés ; observe ces machines rouges, conquérantes, qui répandent toxicité et puanteur sur une Pologne verdoyante – après les chars communistes, ceux du capitalisme agricole.
Impossible de douter de la sincérité du projet de Nils Tavernier. Ni de l’implication des comédiens. Mais le film, qui prend forcément le spectateur en otage, semble couru d’avance. Et le réalisateur laisse le cinéma battre en retraite devant son sujet.
De la féminité naissante des jeunes filles en fleurs à la solidarité de classe fendillée par un conflit larvé de générations, Kadija Leclere se révèle dans l’art de l’esquisse et de la rondeur, bien aidée par le magnétisme de ses actrices.