2014, Ukraine. Protégé du monde extérieur, Vladimir Ivanov-Akhmetovy prodigue l’enseignement de la précision du trait, entre deux tasses de café. Le temps semble suspendu, alors que des bribes d’un présent animé y pénètrent: les sons et les images de la révolution qui gronde sur la place Maïdan arrivent jusque-là, contre la volonté de Vladimir, réticent à reconnaître l’influence de l’Histoire de son pays sur sa vie comme sur son œuvre. Et pourtant, sous la finesse du trait de son crayon, c’est toute la violence du passé, de l’actualité et peut-être déjà d’une guerre future, qui explose. Artem Iurchenko a lui aussi étudié dans cet atelier comme élève de Vladimir. Y revenir avec sa caméra c’est pour lui créer une brèche, ouvrir la porte, amorcer un mouvement. Il circule entre l’intérieur et l’extérieur, du décor figé de l’atelier, hanté par les natures mortes, à la scène sans cesse reconstruite des barricades de la place, puis du départ de ses conscrits vers le Donbass.