C'est l'histoire d'une jeunesse qui n'est plus, entre sensibilité et mime de masturbation.
- Cette critique contient des spoilers -
Découvrir Le péril jeune en 2024, presque 30 ans après sa sortie, c'est plonger encore plus loin, dans la jeunesse des années 70. On est frappé par l'actualité de certains discours: lutte contre le chômage, moyen pour lutter efficacement contre le système en place, pression des parents pour les études, travail aliénant ou libérateur (pour les femmes notamment), l'importance d'avoir le temps... mais aussi par tout ce qu'on a perdu depuis cette époque: les tablées d'amis sans un portable à la main, les discours politique à table, la prégnance du communisme et de l'extrême gauche...
Au contraire, la rareté de l'information: perdre de vue quelqu'un parce qu'elle traverse la Manche, ne pouvoir demander une définition de la lutte des classes qu'à sa famille ou l'influence de la drogue (la génération Netflix n'a jamais aussi peu consommé de drogue ou d'alcool) nous rappelle que c'était pas forcément mieux avant.
On s'attache énormément à nos protagonistes qui 10 ans plus tard reviennent sur leurs années lycées, leur lâcheté, leurs maladresses sentimentales sur un toit ou ailleurs, leur vantardise mensongère.
Le film dégage cette espèce de vitalité insouciante qu'on pense avoir eu dans notre jeunesse. Notamment via un Romain Duris qui dévoile ses dents dans 99% des plans et est habilement opposé aux représentants du système et de l'autorité (barman, pion, directeur d'établissement) avec une répartie assez jouissive: "une café avec 5 pailles". J'ai aussi beaucoup aimé lorsqu'il monte sur le panier de basket et répond au proviseur qu'il est normal qu'il crie (en italien) son envie de trouver une femme.
Les dialogues sont parcourus de pépites qui ont fait du "Péril jeune" un film culte:
- Et moi, je l'aime et elle, elle s'en fout...
- Tu lui as dit ?
- De quoi ?
- Que tu l'aimes !
- Non.
- Ah ! T'as raison de me le dire à moi, tiens !
Et quand c'est limite, c'est encore mieux:
- […] N’importe quoi, mais c’est vraiment un discours de macho, ça, t’es con ! Pourquoi je pourrais pas me faire violer, moi ? Je peux très bien me faire violer. […] "Encore heureux".
Klapisch rappelle toutefois en fin de film que la révolte contre le système peut lui permettre de vous enculxx. Le moyen le plus simple pour la société de mettre sur la touche les éléments souhaitant la remettre en cause c'est qu'ils le fassent eux-mêmes en sortant de l'école sans diplôme.