Melville s’est fait une réputation de réalisateur majeur du cinéma français, et si je ne peux lui retirer cette réputation car il me semble en effet être un réalisateur de premier plan, force est de constater que Le Doulos n’est pas un polar très enthousiasmant.
Honnêtement, je n’ai pas compris pourquoi la narration se voulait aussi tortueuse et alambiquée, au point d’en être ennuyeuse, lourde, pâteuse. Je crois que c’est le bon terme, Le Doulos est un film pâteux, avec peu d’action, et surtout ce sentiment de rythme lancinant qui se dissimule sou des lacets tortueux alors que tout aurait tellement gagner à être fluide, clair, précis, ce qui caractérise d’ailleurs, généralement, le cinéma de Melville. Ici ça gâche l’histoire, même si là aussi, malgré les coups de théâtre, on reste assez sceptique devant un métrage qui n’est pas tellement portée par une trame continue qui apporterait un vrai relief à ce film dont la qualité essentielle n’est donc pas, vous l’aurez compris, le scénario.
En revanche, sur la forme, Melville emballe un film solide. Sa mise en scène est brillante, la photographie utilise à merveille les contrastes du noir et blanc, et les décors permettent d’instaurer une ambiance film noir qui saura ravir l’amateur. Honnêtement, Le Doulos est un beau film, c’est très esthétique, et c’est un bon témoignage du soin et du perfectionnisme de Melville. Un beau film doté d’une bande soignée bien que classique pour le genre. Peu de surprise, mais ça colle assez bien finalement à un métrage qui, visuellement, est une des références iconiques du film noir.
Le casting est propret, mais inégal. Tandis que Jean-Paul Belmondo impressionne dans un rôle ambigu, Serge Reggiani est déjà plus en retrait, un peu fade, même s’il ne démérite pas non plus. Disons que son jeu n’a pas le relief de celui de Belmondo, tout du moins pas ici. Des seconds rôles convaincants émaillent le film, et si l’on peut penser qu’il y en a trop (et c’est vrai), au moins, voir des personnages échoir à des Michel Piccoli ou a des Jean Desailly c’est plutôt rassurant. Globalement les acteurs ne m’ont pas déçu, hormis un Reggiani un peu en-dessous. Quant aux personnages, hormis celui de Belmondo qui présente un intérêt certain, pour les autres ça manque un peu de relief.
Globalement Le Doulos est surtout à voir parce qu’il incarne à merveille, sur le plan visuel, le film noir, et il est assez révélateur du soin esthétique donné par Melville à ses œuvres. Reste qu’ici il s’empêtre dans une intrigue peu entrainante, et donne bien moins de piquant et de force à cette histoire aux circonvolutions inutiles. 3