Un mini budget pour un film presque parfait. Car ce film a considérablement vieilli dans le sens qu’on voit de façon très nette à plusieurs reprises les personnages évoluer devant un fond sur lequel défile une vidéo. Certes c’est moche aujourd’hui, mais il y en a assez peu, vu que le tournage a respecté en grande partie l’unité de lieu de la pièce de théâtre à grand succès de Frederick Knott. Eh oui, "Le crime était presque parfait" est adapté d’une pièce jouée à Broadway, ce qui donne un aspect de huis clos à ce film. Cela dit, c’est le genre de film qu’il faut regarder avec un œil tenant compte de l’époque, sinon vous pourriez trouver le jeu d’acteurs horriblement désuet, que ce soit dans les baisers, ou dans l’intonation des dialogues. Parce que les dialogues sont prononcés de façon très théâtrale d’une part, et les déplacements répondent aux règles établies pour les scènes planchéiées. Venons-en au scénario : mené de main de maître par le chef d’orchestre Alfred Hitchcock auquel il ne faut pas oublier d’associer les scénaristes et les comédiens, il est très habile et extrêmement évolué. Il aurait même pu servir à un épisode de Colombo, série apparue dans les années 70 sur nos écrans de télévision, avec en point d’orgue ses pièges à con. Car non seulement on voit l’élaboration du crime, mais en plus on en connait l’auteur, lequel tient à garder ses mains propres en impliquant un ancien camarade de collège par de diaboliques manipulations, particulièrement bien pensées. Il est d’ailleurs fort regrettable que le titre de la version française spoile plus ou moins le film, parce que soit ça dit que le criminel se fait prendre, soit que le crime a été raté ou n’a pas eu lieu. Je me demande même si ce n’est pas à partir de là qu’est né l’adage "tel est pris celui qui croyait prendre", ou encore "attention au retour de bâton"… Mais bon, le machiavélisme est de rigueur, et le suspense est quand même là : Tony Wendice va-t-il parvenir à ses fins ? Les aléas ne vont-ils pas contrarier ses plans ? Parce que malgré la minutieuse préparation jusque dans les moindres détails, rien ne va se passer comme prévu, amenant une confrontation entre l’instigateur du crime et un fin limier, les deux étant futés comme des renards. Cette confrontation est rendue intéressante par les faux-semblants, les ruses, les informations et désinformations, les manipulations diverses et la spontanéité des esprits. Qui va alors trouver la clé de l’histoire ?