On voit bien ce qui a pu intéresser François Truffaut dans ce sujet qui est à l'origine, sans doute, une série noire (de William Irish): ce sont les transformations successives du couple que composent, tantôt avec légèreté, parfois plus gravement, Belmondo et Deneuve.
D'abord romantique sous le ciel de la Réunion, suivant le contexte d'une annonce matrimoniale passée par Louis Mahé, puis amoureux et insouciant dans une apparence de comédie sentimentale, le couple qu'on accompagne au bout du film est un couple d'amants tragiques. Commencé sous les auspices exotiques et planes de l'île de la réunion, l'aventure se dénoue au coeur des
Alpes enneigées
. On mesure ainsi, par ce saisissant contraste métaphorique, le parcours déclinant de deux héros perdus. L'intrigue brouille les pistes; on attend un drame psychologique et sentimental, et le film dévie brutalement vers l'intrigue policière, façon Truffaut, c'est-à-dire tout en humanité, en fantaisie parfois et en surprises souvent.
Sirène, le personnage de Julie-Deneuve l'est assurément par ses comportements équivoques, sa face cachée
et ses mensonges
, son hypocrisie, suggérés tout au long du film par le réalisateur. Elle entraine Louis dans une histoire d'amour ambigüe -mais une histoire d'amour tout de même- compliquée et aventureuse comme les aime Truffaut.
Sans que je connaisse le roman de William Irish, je devine tout ce que le metteur en scène a pu y glisser de personnel et d'original.