Après ses partitions de caféine pour "Out of Africa", John Barry revient à la barre pour nous concocter une musique lancinante au possible. Passé chez Sydney Pollack, il est engagé par Costner pour délivrer de très belles notes westerniennes.
Pour mon second opus cannois, "Danse avec les loups" est passé sous mes yeux dans sa version longue (director's cut) de quatre heures en version originale non sous-titrée. Seuls les américains étaient doublés en français (quel plaisir d'entendre la ténébreuse voie française de Costner !).
"Danse avec les loups" est un western racontant le détachement du lieutenant Dunbar dans les plaines du Dakota pendant la Guerre de Sécession. Dunbar va se lier à la tribu indienne voisine et va devenir un membre à part des Sioux en tombant amoureux.
Costner brigue son scénario extrêmement bien bouclé en s'appuyant sur le roman de Michael Blake (qui se fait scénariste) ET l'Histoire du peuple Sioux auquel il a pris soin de ne pas déformer la vérité historique. L'auteur (Blake) live ici un western atypique car il ne s'agit pas d'un néo-western à la "Little big man", mais bien d'un western qui dénonce l'absurdité de la guerre envers le peuple Amérindien en général, puis entre les indiens eux-mêmes.
De par le message de liberté qu'il véhicule, Kevin Costner orchestre, pour son premier long-métrage, une mise en scène épique qui affronte toutes les colères du ciel en s'enfermant dans le rôle de Dunbar. Le lieutenant-réalisateur livre ainsi une œuvre fraternelle, écologiste et humaniste. Une mise en scène poignante, lisse, adoubée d'un montage parfait et d'une photographie totalement impeccable. Tous mes chapeaux, Monsieur le réalisateur !!
Dunbar, incarné à la perfection par l'Eliot Ness des "Incorruptibles" est magnifique. Tissant un lien étroit avec un loup que Kevin va surnommer Chaussettes, Costner devient ainsi plus attachant et affirme, 24 ans après la sortie du film, le caractère mythique du personnage qu'il avait incarné à l'écran.
A ses côtés, de véritables descendants de Sioux qui parlent le dialecte Lakota qu'ils ont du apprendre avant le tournage (qui s'est fait de manière chronologique, chose rare dans le cinéma !). Mary McDonnell ("Donnie Darko", puis vue récemment dans "Margin call" de J.C. Chandor) campe une Dressée avec le point sensible et touchante tandis que Graham Greene ("Une journée en enfer"), Oiseau bondissant et Rodney A. Grant (il a joué dans "Wild wild west" et "Ghosts of Mars", de Carpenter, notamment), Cheveux au vent, entourent d'une grâce envoûtante l'ami Costner. LE véritable second couteau reste pour moi le chef indien Dix ours campé avec maestria par le regretté Floyd Westerman qui n'a joué... que des vieux sages : "Les Doors" d'Oliver Stone, "Grey owl" d'Attenborough et "Hidalgo" chez Joe Johnston.
"Dance with wolves" (1991) est pour terminer un spectacle total atypique racé par le metteur en scène, lui-même d'origine Cherokee. Méritées, les récompenses (7 oscars dont meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure photographie...) revigore le western et fait aujourd'hui du métrage un classique du genre. Chef d’œuvre à regarder au moins une fois dans sa vie pour une culture cinématographique à combler.
Spectateurs gradés, asseyez vous !... ou quand Costner reprend le flambeau d'Arthur Penn.
A noter : Annie Costner, la fille de Kevin, joue Dressée avec le point jeune. On la reverra dans "Postman", la deuxième réalisation de son père.