Long-métrage de science-fiction, coécrit et réalisé par Alfonso Cuarón, Les Fils De L'Homme est un immense film. L'histoire se déroule dans une dystopie se situant au Royaume-Unis en proie au chaos dans un monde ravagé par les pandémies, les guerres et le terrorisme, où l'humanité est devenue stérile, s'acheminant vers l'extinction. C'est dans ces terribles conditions que Theo Faron, un ancien activiste politique devenu employé de bureau, est missionné par son ex-femme, devenue l'un des leaders d'un mouvement rebelle, de protéger et amener en sécurité la première femme enceinte sur Terre depuis plus de dix-huit ans. Ce scénario, adapté du roman éponyme de Phyllis Dorothy James, nous plonge pendant environ une heure et quarante-cinq minutes dans une intrigue absolument bouleversante. Celle-ci nous immerge immédiatement au cœur des évènements en nous exposant son contexte de façon claire et limpide et ne fait que de s'intensifier au fil des minutes. Le récit est d'une grande richesse de part ses thématiques qu'il aborde à travers ce monde futuriste proche de l'apocalypse. Le sujet se veut à la fois politique en parlant du sort réservé aux réfugiés complètements malmenés et inconsidérés par les autorités qui les chassent sans relâche, mais aborde également le deuil et les catastrophes qui menacent l'humanité. À ce fond déjà bien rempli s'ajoute la dimension anticipation et toute la réflexion qui en découle de ne plus pouvoir concevoir de nouveaux nés. Tout cela est traité à travers des scènes d'une intensité, d'un réalisme et d'une immersion rarement égalée. Des séquences toujours surprenantes et souvent violentes montrant des atrocités à l'écran sans concessions. L'ambiance se veut chaotique et dramatique au plus haut point. Si cette histoire est si prenante, c'est en grande partie grâce à ses personnages attachants superbement interprétés par une distribution de grande qualité comportant Clive Owen, Julianne Moore, Michael Caine, Claire-Hope Ashitey et Chiwetel Ejiofor pour les principaux. Mais les autres rôles plus secondaires sont tout aussi importants et intéressants. Tous ces individus entretiennent des rapports entre espoir et peur, provocants beaucoup d'émotions au point d'en être poignant à plusieurs reprises. Leurs échanges sont soutenus par des dialogues d'une belle justesse, empreints de tristesse, même si quelques répliques et situations donnent le sourire, notamment le personnage de Jasper qui est particulièrement adorable. Si le métrage est des plus pertinent dans son propos, il est en plus magnifié par la réalisation tout simplement exceptionnelle du cinéaste mexicain. Sa mise en scène caméra à l'épaule, très mouvante, nous absorbe totalement dans cet univers en se voulant proche d'un documentaire pour accentuer encore plus l'aspect réaliste. Surtout, elle nous offre plusieurs plans séquences à couper le souffle tant ils sont puissants, impactant et terrifiants. De surcroit, le travail abattu au niveau des environnements traversés est absolument remarquable. On se croirait vraiment dans un monde sur le point de périr. Ce visuel époustouflant et mémorable est accompagné par une b.o. signée John Tavener, dont les compositions sont assez discrètes. On retiendra d'avantage l'ambiance sonore générale faite de tirs, d'explosions, de cris de terreur et de pleurs, ce qui renforce encore plus une atmosphère déjà irrespirable. Cette traversée viscérale s'achève sur une très belle fin à la hauteur des attentes, même si on aurait aimé que cette histoire dure encore un peu. En conclusion, Les Fils De L'Homme est tout simplement un chef-d'œuvre du septième art, un film immanquable et inoubliable.