La beauté de l'art réside dans sa capacité à vous toucher au plus profond de votre cœur sans que votre cerveau ne puisse en expliquer la cause. Il arrive alors parfois que l'on découvre une œuvre, et que jamais on ne l'oublie : c'est le cas ici de Les Fils de l'homme.
Dans un monde déchiré par la misère et le clivage de la société et où l'Homme le plus jeune de la planète a 18 ans, la vie au sens premier du terme va venir bouleverser le quotidien de Theo Faron.
Film de science-fiction, c'est l'ultra réalisme des scènes et la fidélité avec son univers qui frappe. Le strict nécessaire y est exposé pour en comprendre ses fondements et c'est largement suffisant, c'est même une des forces du film. Il ne décrit pas à outrance, ne complexifie pas inutilement et n'extrapole pas notre société actuelle : en bref, il laisse de la place au spectateur pour qu'il se construise, s'insère dans cet univers ce qui permettra alors à cette histoire de s'écrire dans sa mémoire à l'encre indélébile.
L'histoire donc, est extrêmement touchante de par le sujet qu'elle aborde. Le rythme et la véracité des propos sont tels que le spectateur est tenu en haleine tout le long. La proximité technologique avec notre société, et les différents parallèles mis en place entre les deux nous amène à nous questionner, nous positionner, mais surtout nous impacter émotionnellement de plein fouet.
La création des personnages s'axe sur une multitude de couches, dont il nous est donné de sentir intrinsèquement chacune d'entre elles avec une puissance folle.
L'intégralité des acteurs est au sommet de leurs performances. Clive Owen est époustouflant, Julianne Moore exceptionnelle, Michael Caine incroyablement touchant et Chiwetel Ejiofor grandiose.
Mais c'est par sa réalisation que ce film s'impose comme l'une des plus grandes œuvres du 7ème art. La maîtrise d'Alfonso Cuarón relève du génie. L'intégralité de ses plans est juste, précis et fort. Sans évoquer les plans séquences qui permettent au spectateur de s'ancrer dans l'univers dépeint ici, et de le toucher au plus profond de son âme. Au-delà de cela, ils relèvent d'une qualité d'artistes exceptionnelle tant on est aisément transporté. La scène de fin est l'une des plus grandes scènes du cinéma. L'immersion est totale, et en un claquement de doigt on se retrouve livré à nous même face à ce qu'il vient de se passer sous nos yeux, et on reste un temps devant ce générique qui défile en repensant à l'immensité de celle-ci. Les images sont crues, elles nous apparaissent avec toute la violence dont cette société est victime pour, une fois de plus, nous attraper au plus profond de notre âme. La colorimétrie vient donner un ton terme au film, et renforcer son côté sombre, ce qui vient parfaitement coller à sa volonté. La caméra prend son temps, via les plans séquences bien sûr mais aussi tout le reste du temps, pour que l'on se plonge entièrement dans cette ambiance si particulière.
Il y a tant de choses à dire sur ce long-métrage, mais rien n'égalera l'impact de sa découverte, sur grand écran bien sûr. Cette immense œuvre vous touchera à tout jamais, n'en perdez pas une seconde : 5/5.