Il paraît que c'est le genre de films qui « divise » : navet intergalactique pour les uns, chef d'oeuvre de créativité et d'intelligence pour les autres... Pourtant, je dois avouer ne trouver guère de génie dans un film qui, sous prétexte de raconter quelque chose d'un tant soit peu original, se permet les pires aberrations visuelles et les choix de mise en scène les plus honteux. Car c'est bien ce qu'est « Enter the Void » : un film honteux. Le pire c'est que l'on se dit que sous les mains d'un réalisateur un tant soit peu subtil ou sensible, tout cela aurait peut-être pu passer comme une lettre à la poste. Seulement voilà : Gaspar Noé connaît le cinéma mieux que personne, et sait parfaitement ce qu'il faut faire pour réaliser un chef-d'oeuvre grandiose qui saura être admiré de tous, une oeuvre visionnaire dépassant l'entendement. « Mais alors, comment faire un chef-d'oeuvre grandiose, M. Noé? » demande le spectateur intrigué, pour ne pas dire fasciné. « Eh ba c'est pas si compliqué, mon petit », répond le plus grand réalisateur du XXIème siècle. « Tu mets des couleurs (très très vives, pour ne pas dire autre chose), tu fais tourner ta caméra un petit peu partout et dans tous les sens, tu balances quelques plans chocs par-ci par-là, tous très audacieux bien sur, du genre un plan intérieur de vagin où tu vois une bite (oh ça va gamin, on est entre nous, pas la peine de faire ta chochotte) rentrer sans crier gare, et le tour est joué! Alors gamin, convaincu? » Cela pourrait être simpliste, mais le pire c'est que ça ne l'est même pas. Tout pue ici la prétention, le vide (sans vouloir faire de mauvais jeux de mots), le mauvais goût à outrance, sans se donner un seul instant la peine de proposer des personnages un tant soit peu émouvant ou des sous-intrigues ne serait-ce qu'un peu digne de ce nom. Mais ne croyez-pas alors que l'ami Noé va nous épargner un tant soit peu en nous offrant les 100 minutes habituelles à ce genre de productions, non, non, non! Il fallait bien nous infliger ce supplice pendant 2h30 (et le pire, c'est que ce n'est même pas une blague), mais Gaspar Noé nous expliquera sans doute que son génie et son art créatif valait bien cela... Personnellement rarement 150 minutes auront été autant de synonymes de souffrance et d'écoeurement, mais j'imagine que là encore c'est parce que je ne comprends rien au cinéma et qu'en réalité je suis passé (au moins) à côté du plus grand film de l'Histoire du cinéma. En attendant, au revoir M. Noé (et même adieu si possible), et pas merci.