générique brutal, entrée soudaine et violente dans le monde de l'image.
saisis, nous partons alors avec Oscar -comme avec un autre Ulysse- vers une aventure infinie : nuit de la conscience, départ hallucinatoire, extase psychédélique.
vision mise à mal, flottante, errante, tourbillonnante. images qui échappent.
puis l'événement, l'accident, l'impact du temps. la mort. peut-être.
tout revient, ou plutôt, les traumas se dénouent, à travers elles.
palimpseste des femmes, la mère, la soeur, l'amante, transparence, échos, chocs.
impression de séparation, d'envolée transcendante, par des trous de vers, des bris de vie. la vie ailleurs continue, mais hallucinée.
SEX - MONEY - POWER : tridimension tokyoïte, soutenue par ce qui ne porte pas de nom, qui n'apparaît pas illuminé, mais qui est là rampant : MISERE - AMOUR - VIDE
ce que nous voyons : cette composition d'un visuel cinématographiquement inégalé, vertigineux, sensationnel. une ivresse vitale, dans une urgence faisant resurgir tous les traumas de la vie, toutes ces rencontres, terribles ou merveilleuses...
ce que nous ne voyons pas : éblouis ou ombrés, entre deux regards, entre une vision "subjective" et un oeil omniscient, le cercle qui se brise, la fin des images, la coupe, nette. retour du réel, criant. ici ou à l'écran. hors du temps.
même invisible, le vide est omniprésent. il dynamise la vie, les plus pleines des présences. il arrive au coin de la rue, à toute vitesse. il jaillit, dans les désirs détournant les jouissances, comme une scansion. et puis spectralise nos certitudes, nos repères, et même finalement, nos rapports fixes aux temporalités et aux spatialités. cela bouge. tangue. secoue.
ça nous poursuit aussi.
gravé en nous.
ainsi, Noé invente ici l'intensité ultime de ce qui s'appelle image.
il nous donne, comme une grenade dégoupillée,
de l'explosion imminente,
du bonheur testamentaire,
quelque chose de supraluminal.
expérience filmique à jamais bouleversante.