Prédictions est signé d’un réalisateur talentueux, Alex Proyas. Le film est souvent déprécié par la critique. C’est vrai qu’il apparait long pour un résultat assez faible, mais il reste un métrage de SF honorable.
L’interprétation est d’abord un bon point. Nicolas Cage trouve un bon rôle, et il lui apporte une consistance palpable et une humanité bienvenue. Il joue fin, et pour ma part il trouve surement là un des ses personnages les plus intéressants, lui qui nous a souvent habitué à des personnages assez rudimentaires ces derniers temps. Face à lui Chandler Canterbury est une bonne surprise, et sans être parfait, il est souvent bien efficace, et parvient à ne pas faire grincer des dents comme cela arrive souvent avec des rôles d’enfants. Entre eux Rose Byrne peine à trouver sa place, et m’a paru trop déconnecté dans la seconde partie, n’arrivant pas à tirer véritablement son épingle du jeu. Dommage. Pour le reste les seconds rôles dans ce film n’ont vraiment pas grande importance, malgré quelques acteurs aujourd’hui plus connus comme Liam Hemsworth.
Le scénario est à double tranchant. Offrant d’un coté une histoire assez originale qui trouve un excellent point de départ, il finit malheureusement par s’enliser dans un mysticisme très convenu, qu’achève une conclusion en demi-teinte. Le film est ainsi curieusement bien plus intéressant dans sa première partie, mystérieuse, donnant du suspens, que dans sa seconde partie qui certes gagne un peu en rythme mais finit par étouffer sous une tonne d’éléments assez burlesques (à la fin on ne sait d’ailleurs pas pourquoi il y a des petits cailloux un peu partout style petit poucet). Le rythme est sinon un certain problème, car bien qu’entrelardé de quelques scènes spectaculaires, Prédictions reste un métrage assez mou qui aurait très clairement pu s’amaigrir d’une bonne vingtaine de minutes.
Visuellement Proyas est toujours très solide. Sa mise en scène est très propre, Prédictions bénéficiant notamment de son talent à l’occasion de scènes spectaculaires très réussies malgré quelques effets spéciaux perfectibles (l’accident d’avion est certes impressionnant, cependant sur une scène Cage mais le bras dans le feu numérique sans en souffrir le moins du monde). Proyas a par ailleurs la manière pour mettre en valeur ses décors, et ici il les utilise avec beaucoup d’intelligence. Ces-derniers, variés, sont tout à fait réussis, et sont par ailleurs bien valorisés aussi par une élégante photographie, typique du réalisateur, faisant une large part au vert, dans une ambiance sombre des plus soignées. Prédictions bénéficie d’une esthétique très réussie, et son budget a été bien investi. Les effets spéciaux sont globalement d’un bon niveau, malgré comme je l’ai souligné des lacunes et une scène d’accident de métro trop artificielle. Enfin, il y a bien entendu la musique. C’est une franche réussite, Prédictions s’appuyant en particulier sur un thème sans faille de Beethoven, et proposant des thèmes secondaires de qualité, qui nourrissent à propos l’ambiance.
Finalement Prédictions rattrape sur sa dimension technique et visuelle ses faiblesses scénaristiques. Certes on est très loin des chefs-d’œuvre du réalisateur comme Dark City, mais le résultat est tout de même efficace, classieux, s’appuie sur un bon duo principal, et ne manque pas de quelques idées plaisantes. Reste le problème du rythme, forcément embêtant dans un film de plus de 2 heures, une propension à se disperser, et une deuxième partie en demi-teinte assez faible qui donne réellement le sentiment d’une gradation inversée. Il mérite 3.5.