Cinq ans après l'excellent "I, Robot", Alex Proyas récidive avec "Prédictions", un film post-apocalyptique originale à la bande annonce alléchante, qui met en scène la star Hollywoodienne Nicolas Cage. La situation de départ, particulièrement alléchante, tient bien ses promesses. Une scène d'exposition nous montre la classe de Melle Taylor en 1959, bruissante de bambins impliqués dans le projet de léguer leurs dessins à leurs condisciples à venir un demi-siècle plus tard. Au fond de la classe, l'élève au visage de petite vieille qui avait eu cette idée de la capsule temporelle aligne frénétiquement des chiffres sur sa feuille que la maîtresse arrache, agacée, avant que la gamine médium n'ait fini. Quand cinquante ans plus tard, on descelle la boîte métallique pour distribuer aux élèves d'aujourd'hui les oeuvres de leurs prédécesseurs, l'étrange production de Lucinda Embry échoit à Caleb Koestler, qui partage avec son aînée une gravité et une maturité qui ne semblent pas de son âge. Toute cette première partie incarne brillamment ce que doit être le fantastique: un réalisme absolu progressivement perverti par une incongruité nécessairement plausible. L'incongruité réside ici dans la signification de cette suite numérique, à savoir l'inventaire de toutes les catastrophes passées pour le spectateur, à venir pour son scripteur, en l'occurrence sa scriptrice. Le décryptage de ce code cataclysmique constitue un premier morceau de l'intrigue tout à fait captivant, et la présence du Pr Koestler sur les lieux des deux catastrophes suivantes donne prétexte à des effets spéciaux assez impressionnants - et à une nouvelle représentation métaphorique du 11 septembre : l'avion qui fonce sur la caméra, les voyageurs du métro hébétés et couverts de poussière. Malheureusement, la poésie inquiétante s'efface progressivement au profit des gros sabots conjugués de la volonté scénaristique d'expliquer l'inexplicable. Autant la première partie de "Prédictions" possède sa propre originalité, et donc un réel attrait, autant la deuxième partie ressemble à un patchwork des blockbusters apocalyptiques de ces dernières années : le garçon médiumnique de "Sixième Sens", le chaos urbain de "Soleil Vert", la vague de feu de "Armaggedon". Néanmoins, Nicolas Cage excelle dans son rôle et signe ici, une très belle interprétation. Ainsi, "Prédictions" est un bon film post-apocalyptique, qui, malgré d'indéniables qualités scénaristiques et plastiques, laisse un goût d'inachevé, ce qui est vraiment dommage.