Ceux qui n'ont jamais vu ses œuvres peuvent penser que la célébrité de Bruce Lee tient à sa mort prématurée, ayant fait de lui une légende. C'est oublier que, d'une part, ses films étaient à l'époque de vrais phénomènes de sociétés. Par exemple, "Jing wu men" / "Fist of Fury" rapporta des recettes 1000 fois (!) supérieures au budget de production.
D'autre part, le talent du bonhomme, et l'ambition de ses films, étaient alors hors du commun... et font encore largement effet aujourd'hui.
Ici, Bruce Lee incarne Chen Zhen, un élève de kung fu qui revient à Shanghai pour pleurer la mort de son maître Ho Yuanjia (qui a réellement existé). Il se frittera rapidement avec l'école concurrente d'infâmes Japonais...
Clairement, c'est loin d'être parfait et tout propre. Le scénario est simple (mais efficace !), et à deux doigts de la caricature raciste en ce qui concerne les Japonais. Mais il faut aussi remettre dans le contexte : c'est un film qui critique l'impérialisme japonais, dont le souvenir était encore douloureux dans les années 70 (et même aujourd'hui dans certaines parties de l'Asie...). Ce qui en fait une peinture intéressante.
Il y aussi des étrangetés dans la reconstitution. Le film est censé se déroulé au début du 20ème siècle (le vrai Ho Yuanjia est mort en 1910). Néanmoins on verra régulièrement des costumes et coupes de cheveux des 70's. Voire des voitures en fond dans la courte scène de l'accès au parc ! Ceci est toutefois compensé par les décors assez généreux, et parfois plutôt jolis (l'école japonaise).
A noter aussi que Bruce Lee n'est pas un grand acteur dramatique, et est moyennement crédible dans les toutes premières scènes. Heureusement ceci est balayé dès que l'action commence... et ça démarre vite.
Fulgurant, félin (tant des les mouvements que les bruits !), imperturbable à l'écran, Bruce Lee se déchaîne et met la pillée à ses adversaires divers et variés. Dans des chorégraphies de haut niveau, supportées par une mise en scène qui découpe très bien l'action. Sans oublier plusieurs innovations, telle que l'utilisation du nunchaku, qui popularisera grandement cet arme/instrument à la sortie du film.
Son personnage est par ailleurs intéressant, pétri de contradictions. Excellent artiste martial, adepte d'un maître pacifiste, mais cédant facilement à des pulsions violentes, voire mortifères ! Une représentation de l'état d'esprit de certains Hongkongais qui en avait assez de se faire marcher sur les pieds ?
Une oeuvre qui n'a pas perdu de son punch.