Vu le 19/01/2020.
Film assez particulier qui vous met parfois un sentiment de malaise dans le ventre mais qui au final, vous laisse un sentiment de justice achevé. Peut-être que si toutes les petites racailles de notre pays regardaient ce film, ça leur donnerait peut-être plus envie de respecter la loi et d'aimer son prochain.
Car ce film est quand même assez fort.
Un jeune garde-frontière (Mike, joué par Barry Pepper) tue par erreur Melquiades Estrada, un vaquero (Julio Cedillo). Après une rapide enquête, son ami, Pete Perkins (Tommy Lee Jones), décide de rapporter son corps dans son village, au Mexique, en obligeant son meurtrier à l'accompagner. Il va s'en suivre un long voyage terrible ou le meurtrier finit presque par nous faire pitié tellement sa souffrance augmente au fur et à mesure des pérégrinations des deux voyageurs poursuivis par la police locale.
La grande réussite de Trois enterrements tient au choix d’avoir recours à différentes strates, tant au niveau formel qu’au niveau de l’histoire. La construction du film suit plusieurs niveaux. Utilisant le chapitrage, le réalisateur met en scène un temps présenté de façon fragmentaire dans la première partie du film (l’alternance entre le présent – la découverte du corps de Melquiades – et les flash-backs qui permettent de situer les lieux et les personnages), puis de façon linéaire dans la deuxième, celle de la quête du village de Melquiades. Ce procédé possède d’une part le mérite d’accrocher le spectateur en lui divulguant les informations petit à petit, et d’autre part celui de tenir compte de différents points de vue.
Le film met du temps à démarrer mais ce temps est nécessaire pour nous brosser un portrait des principaux protagonistes, de montrer la vie parfois plate et ennuyeuses dans ces contrées, sur une terre âpre et difficile à appréhender.
On voit que Mike est profondément raciste envers les mexicains et les réfugiés (il frappe violemment une jeune mexicaine qui aura l'occasion de se venger plus tard dans le film), qu'il délaisse sa femme en préférant feuilleter des livres pornos (mais comment peut-on délaisser January Jones, rien que ça, c’est un crime!!!) et son odyssée va s'apparenter finalement à un chemin de rédemption avec pour seul compagnon ce vieux bourru de TLJ qui parle peu mais qui poursuit sa quête (même si on se dit parfois qu'elle en devient ridicule)
La fin du film repose sur l’allégorie de l’ange rédempteur qui offre une deuxième vie à Mike – et par la même occasion son cheval, cadeau de Melquiades. Pete est allé jusqu’au bout de sa mission : il a enterré son ami là où il le souhaitait, et il l’a vengé, non pas par la violence, mais par le rachat de la faute de Mike. Certes, le symbole est peut-être un peu lourd. Mais la prestation des acteurs est si convaincante qu’on adhère. Là est la clef de la réussite du premier film de Tommy Lee Jones en tant que réalisateur : croire jusqu’au bout à ce qu’il a filmé.