Film mémorable, le Labyrinthe de Pan, dit-on, a reçu bien des récompenses.
Et c'est mérité.
D'abord, l'ambiance de ce film si particulier : sombre, mystérieuse et qui mêle habilement la féerie et le gore. On navigue entre 2 mondes, bien-entendu distincts mais qui s'imbriquent entre eux dans la narration d'ensemble. On passe des scènes de torture du capitaine franquiste à des visions oniriques empreintes de magie. L'effet est déconcertant et troublant. Dans un univers clos et répressif, celui d'une caserne où vivent les personnages, se déploie un monde libre et ouvert qui relève des contes.
Quant à l'histoire, non seulement, elle est bien menée mais en plus elle est originale. L'auteur, ici, se plaît à mettre en parallèle 2 plans de perceptions pour mieux les opposer : celui du rêve poétique, de l'enfance pure à celui de la réalité crû des adultes corrompus. Dans le contexte historique de la Guerre civile d'Espagne, on voit ainsi un capitaine franquiste traquer et torturer les opposants au régime pendant qu'à côté de lui, dans son ombre, une petite fille s'invente une aventure exaltante. La barbarie côtoie dès lors l'innocence, la bassesse, la grandeur, l'élan romanesque, des tendances sadiques. On peut ajouter à cela la complexité psychologique du personnage central.. Ofélia vit une épreuve affective des plus dures : non seulement, son beau-père, trop occupés à sa tâche, l'ignore mais sa mère, malade, peine à s'occuper d'elle. C'est en quelque sorte, une enfant isolée, celle que l'on ne voit pas. Or, précisément dans sa tête, elle devient celle que Pan vient chercher, la personne autour de laquelle gravite les autres. Même sa mort sordide, elle parvient à la magnifier.
Bref, un film poignant, à la fois triste et beau, cruel et poétique, brusque et subtil qui laisse songeur. On devine qu'il dit plus que ce qui est raconté, qu'il a plusieurs niveaux de lecture. Enfin, la fin est surprenante...