Cédric Klapisch nous revient avec "Les Poupées russes", une comédie de mœurs qui plonge une fois de plus dans la vie chaotique de Xavier et de ses amis. Ce film est la continuation naturelle de "L'Auberge espagnole", où nous retrouvons les personnages quelques années plus tard, toujours aussi désemparés face à l'amour et à la vie adulte.
Le scénario, co-écrit par Klapisch et Barbara Constantine, s'efforce de tisser une toile complexe d'interactions entre des personnages qui ont mûri mais qui n'ont pas forcément trouvé leur chemin. La structure narrative, rappelant les poupées russes du titre, s'ouvre sur divers aspects de la vie de Xavier – amour, carrière, amitiés – mais peine parfois à garder un équilibre cohérent entre ces multiples facettes.
La direction de Klapisch est à la fois vive et mélancolique, capturant avec brio le désarroi d'une génération confrontée à ses propres rêves et désillusions. La photographie de Dominique Colin utilise habilement les magnifiques décors de Paris, Londres et Saint-Pétersbourg, renforçant visuellement le sentiment de mouvement constant et parfois de perte de direction.
Le casting reste solide, avec un Romain Duris toujours aussi convaincant dans le rôle de Xavier. Kelly Reilly, en Wendy, et Cécile de France, en Isabelle, apportent chacune une touche particulière à leurs personnages, rendant leurs luttes à la fois touchantes et frustrantes. La dynamique entre les acteurs capture efficacement l'essence d'une amitié longue et complexe.
Cependant, le film souffre par moments d'un rythme inégal et de certains dialogues qui, bien qu'esprit et humoristiques, semblent parfois forcés ou déconnectés des véritables enjeux des personnages. Ce manque de consistance se reflète dans la bande sonore éclectique qui, malgré quelques choix mélodieux, ne parvient pas toujours à soutenir l'atmosphère ou le ton du film.
En conclusion, "Les Poupées russes" se distingue par sa réalisation artistique et la profondeur de ses personnages, tout en souffrant d'une certaine prévisibilité et d'un manque d'harmonie narrative. C'est un film qui, malgré ses défauts, capture avec affection et ironie les tribulations sentimentales et professionnelles de la jeunesse du début du millénaire. C'est cette juxtaposition entre sincérité et légèreté qui fait de "Les Poupées russes" un film à la fois attachant et imparfait.