Étonnant de voir que Klapish est décidé de faire une suite à "L’ Auberge Espagnole" alors que lui-même avait dit qu’il ne voyait pas l’utilité de le faire. Et bien il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis et merci Mr Klapish d’avoir revu votre opinion ! Nous retrouvons donc notre héros Xavier qui a la trentaine mais donc la vie n’est toujours pas au beau fixe : son livre écrit depuis trois ans n’intéresse aucun éditeur et il survit en écrivant des scénarios de feuilletons sirupeux pour la télévision ; et côté cœur, il cumule les aventures sans lendemain et commence à ne plus croire du tout en l’amour. Bref bilan plutôt sombre et crise de la trentaine en vue ! Et oui, nous reprenons notre odyssée de la vie commencée trois ans auparavant avec le séjour en Espagne ; mais cette fois-ci le film est, comme ses protagonistes, plus mûr : le ton est moins léger comme dans le précédent film, la folie de la jeunesse et son insouciance appartenant désormais au passé. On aborde les sujets et les problèmes des adultes, aboutissant à la sempiternelle remise en question de soi-même. Autant dans le premier film, l’obsession de Xavier était de savoir ce qu’il ferait de sa vie professionnellement, autant ici c’est la recherche de l’amour qui l’obnubile : n’ayant connu que des aventures foireuses et étant obligé de parler d’amour pour son job, Xavier se sent paumé car il doit écrire sur quelque chose qu’il ne connaît finalement pas. Et comme c’est souvent le cas dans la vie, c’est grâce à un évènement anodin (ici le passage à Paris de David, le frère déjanté de Wendy, l’anglaise qu’il a connu à Barcelone) qui va l’interpeller et finalement reprendre confiance en ses croyances et, par conséquent, en lui-même. Toujours aussi juste et réaliste, Klapish nous offre une seconde ode à la vie où l’amour est représenté comme le Saint Graal à obtenir, en nous proposant toujours des effets de style agréables et parfois bien trouvé pour soutenir le récit (ralentis, split-screens, timelapses). Romain Duris est une nouvelle fois parfait en jeune homme presque désespéré, Audrey Tautou arrive à être encore plus insupportable que dans "L’ Auberge Espagnole" (en même temps elle joue à la perfection la femme moderne : chiante, jamais contente et ne voyant jamais plus loin que le bout de son nez !!) mais la belle surprise revient à Kelly Reilly : l’anglaise assez discrète du premier film nous revient plus rayonnante que jamais malgré son personnage de romantique paumée et meurtrie. Cédric Klapish a parfaitement réussi son comeback avec Les Poupées Russes, suite logique et complémentaire de "L’ Auberge Espagnole" : toujours aussi réaliste, touchant et rafraîchissant, on se laisse entraîner dans la continuité de l’apprentissage de Xavier, nous rappelant ce que fut la notre. Après deux essais aussi bon, et si Klapish se laissait tenter par un troisième volet qui pourrait se concentrer sur la suite logique : la vie en couple et les joies d’être parent…je crois qu’il y a vraiment quelque chose à tenter !!