Adaptation sous forme de long téléfilm de trois heures de l'un des plus gros pavés de Stephen King, diffusé pour la première fois en 90, IT demeure un modèle de réussite dans le genre. Devenu culte pour toute une génération, IT est l'adaptation réussie de l'un des romans majeurs du maître du fantastique et de l'horreur, original et captivant du début à la fin. Pourtant la tâche n'était pas aisée, car trop long pour pouvoir en faire un long-métrage de deux heures et quelques minutes, l'on sait que la télévision qui vise un public plus large en termes d'audience, ne permet d'aller aussi loin dans l'horreur que le septième art.
Or, Lawrence D.Cohen, déjà talentueux scénariste de 'Carrie' (première et brillante adaptation de King), livre un scénario excellent, et le téléfilm n'est pas autant édulcoloré par rapport au livre comme on pouvait le craindre. Bien sûr, les pages les plus gore du livre ne sont guère visible ici. Et certains éléments pouvant heurter l'Amérique puritaine et conservatrice ont été écartés. Ainsi, le passage d'initiation à la sexualité qui symbolisait la transition entre l'enfance et l'adolescence n' a été retenue. Il en a été de même pour la dénonciation de l'homophobie au début du livre, ainsi que la description de l'arrivée de 'ça' sur terre, il y a très longtemps. Mais malgré tout, le scénariste et le réalisateur, Tommy Lee Wallace, ont bien compris que la clef de la réussite de leur adaptation était de capter l'essence du roman de King, de reprendre sa thématique riche, et de rester au plus près du récit: "Je ne crois pas que ce sont les débordements sanglants qui font l'intérêt du livre, mais ses fascinantes incursions surréalistes" dira Wallace. Et IT comprend de nombreuses scènes surprenantes (les fameuses lumières mortes entre autres), aux effets visuels réussis.
IT est une oeuvre, comme le dit King, qui parle de l'enfance, et de la manière dont on la revit à l'âge adulte. Les souvenirs, les traumatismes, et les prises de conscience dues à l'épreuve du temps sont des choses qui restent en nous toute notre vie, et reviennent nous hanter de temps à autre.
Le téléfilm restitue à merveille cette nostalgie de l'enfance, forte dans le livre. La structure du flash-back incessante de l'enfance à l'âge adulte est remarquablement retranscrite. Une réussite due à l'interprétation brillante des comédiens, enfants et adultes. Les personnages semblent tout droit surgir du roman. Le charme est indéniable, on se laisse transporter, le temps d'un voyage, avec un plaisir intense.
Seul point noir: l'apparition ultime de 'ça', à la fin, assez décevante et techniquement insuffisante. L'araignée manque de réalisme, on dirait un monstre surgi d'une série B, voir Z. Dommage.
Mais l'essentiel est là. IT nous ramène à nos terreurs enfantines, et le livre comme le film nous parle du monstre qui sommeille depuis toujours en nous, identifié ou encore inconnu.
Très bientôt, une nouvelle adaptation du roman sera visible, pour le cinéma cette fois-ci (deux parties). Sera-t-elle aussi efficace, voir meilleure?