Miel, mon mari !... Candyman cache bien son jeu, en étant plus malin qu'on ne l'aurait parié, et levant le pied sur les jumpscares (sauf le miroir, là on a décollé) au profit de l'épaisseur de son histoire et de son personnage-titre. On ne parle évidemment pas du postulat de départ de l'étudiante qui souhaite percer le secret de Candyman, et le convoque pour en avoir le cœur net (un scénario aussi bête que cela), mais bien de l'enjeu derrière cette légende urbaine : l'esclave battu à mort et brûlé pour avoir aimé une femme "Blanche", devenu croque-mitaine pourchassant ceux qui oseront prononcer cinq fois son nom en se regardant dans le miroir (mais toujours très galant avec les dames quand il s'agit de leur heure... You're so sweet, Honey), est une variante "black" de Bloodymary, égrainant à chaque attaque sa rengaine envers les racistes qui l'ont tué, et ne faisant, lui, aucune distinction dans les victimes qu'il traque (il prend même les bébés et les chiens... Un dur, un vrai !). Les ghettos sont terrorisés par lui, pas les bobos qui s'amusent à l'invoquer pour s'occuper, vous commencez à saisir la critique sociale ? Pourtant, ce premier Candyman ne vise pas forcément le public d'une blackploitation, ne se revendique pas en fonction de la couleur de peau de son "boogeyman", il profite de son histoire (et de la critique sociale) pour nourrir son personnage, une qualité qu'on a apprécié, quand on s'attendait à un film d'opportunisme "black" (on repense à Blacula, et on sait qu'on est ici bien loin). Les attaques au crochet sont bien là, les petites abeilles annonciatrices de la malédiction sont une originalité agréables, les mises en scènes des attaques sont astucieuses (évitent la plupart du temps le simple sursaut, pour nous faire stresser longuement avec une ambiance poisseuse), et l'acteur Tony Todd est impeccable dans son rôle. Alors oui, on n'a pas eu plus peur que cela (les productions actuelles versent bien davantage dans le sensationnel), et le twist final nous a même fait sourire d'incrédulité (
la victime qui devient bourreau... On n'a pas bien compris, car si la malédiction de Candyman tient de sa haine et de son envie de vengeance, on ne voit pas bien à qui Helen pourra s'en prendre en-dehors de son mari
) mais dans l'ensemble Candyman tient la route grâce à son hommage aux légendes urbaines des ghettos qui renversent l'ordre social, avec un personnage à l'origin story en béton (très bien expliquée). PS : surtout, ne lisez pas cette critique en vous regardant dans un miroir, sinon vous êtes bon pour l'abeille et le crochet.