Comme chaque semaine, la sortie en salles du nouveau film d’un réalisateur incite les programmateurs tv à jouer la carte de l’actualité. A preuve, synchrone avec "Je fais le mort" de Jean-Paul Salomé, W9 rediffuse "Arsène Lupin" (2004). La carrière de Salomé est pour moi un mystère : Plutôt à l’aise dans le film choral ou le film de bande - "Les Braqueuses", "Restons Groupés", aventures modestes mais savoureuses de héros très ordinaires - Salomé a changé de braquet dans les années 2000. Il su répondre à l'appel d’offre d’un pool de diffuseurs et producteurs qui voulait tirer des blockbusters de grandes séries de l’âge d’or de la télévision française. On a eu droit ainsi coup sur coup à "Vidocq" par Pitof (2000), "Belphégor" par Salomé lui-même (2001), puis "Arsène Lupin" et enfin "Les Brigades du Tigre" de Cornuau (2005). Je confesse une certaine indulgence pour le film de Jérome Cornuau, la série d’origine était assez faible et l’engagement des acteurs, tous épatants, a certainement faite le reste. Mais les 3 autres sont vraiment des ratages d’anthologie. Pitof prouve qu’on peut être à la fois le meilleur truquiste de France et un des pires réalisateurs à qui on n’ait jamais confié les clefs d’un film. Jean-Christophe Grangé (autre usurpateur, très en vogue dans ces années là) l’a sans doute beaucoup aidé. Mais Jean-Paul Salomé récolte le pompon. D’une série classieuse et intrigante, le "Belphégor"de Claude Barma, il a déjà réussi à faire un long-métrage ridicule et kitch où s’abiment l’un après l’autre tous les acteurs. Avec Arsène Lupin, rebelote. Le film est un pitoyable naufrage dont sort indemne, on ne sait comment, la seule Eva Green. Mais si j’en veux encore plus à Salomé, c’est qu’il gâche le matériel. Non seulement le film ne rend pas une seconde justice au héros de Maurice Leblanc, mais il pille allègrement toute l’œuvre, un morceau ici, un morceau par là, décourageant d’avance toute nouvelle adaptation. Après avoir gagné ses galons de faiseur (les réalisateurs capables de dépenser beaucoup d’argent – qu’importe que ce soit à bon escient - bénéficient d’un étonnant respect), Salomé revient donc avec "Je fais le mort" aux histoires modestes de ses débuts. Je lui souhaite d’y retrouver ne serait ce que l’ombre de son talent perdu.