Ce film a tout pour lui : une idée originale de scénario, très bien exploitée, une interprétation sans faille, des répliques bien senties et un rythme qui ne faiblit jamais ... mais surtout ce film véhicule un air de nouveauté et de fraîcheur très réjouissant (l'air marin de Sainte-Marie-La-Mauderne peut-être ?) ! Je suis désolé de dire ça pour nos cousins québécois mais l'accent des personnages rebute un peu au début du film (deux ou trois répliques incompréhensibles pour une oreille peu exercée); par la suite, notre oreille s'habitue et on ne fait plus attention à l'accent. Je ne me prêterai pas, comme l'ont fait beaucoup de personnes, à la comparaison entre "La Grande Séduction" et "Les Invasions Barbares" car ces deux films n'ont rien en commun, si ce n'est d'être québécois. Compare-t-on systématiquement tous les films américains que l'on voit avec "Le Parrain" (The Godfather) sous prétexte que c'est un film de même nationalité et que c'est un chef d'oeuvre ? Revenons à la force de "La Grande Séduction" : cette propension à faire comprendre au spectateur citadin la volonté et l'abnégation des maires de village à se battre pour l'implantation des services minimums (un médecin) et de l'emploi, en somme leur lutte permanente pour le développement rural. Un maire soutenu par la proximité et la solidarité des habitants, des notions presque toujours inconnues en ville où les gens ont davantage tendance à tout attendre de l'État, à profiter du "système" et non à donner, à participer bénévolement. Car, ne nous cachons pas la vérité, ce qui est dépeint avec humour dans "La Grande Séduction" à Sainte-Marie-La-Mauderne, se passe tous les jours, en France, dans de nombreux villages dans lesquels les services minimums disparaissent par manque de rentabilité et les entreprises - souvent une seule entreprise qui, à elle seule, fait vivre plusieurs villages - délocalisent pour une meilleure profitabilité. Ce film parlera donc peut-être davantage à ceux qui, comme moi, ont été élevés à la campagne qu'à des citadins "pure souche".