Retour sur un des pionniers de la vague de slasher lancée par le terrifiant Halloween de John Carpenter. Malgré son statut d’œuvre culte, le film commence très mal : le court prologue est d'un ridicule flagrant causé par des ralentis destructeurs du rythme et par une musique qui vacille entre l'angoissant et la surenchère d'angoisse (ce qui en devient presque comique). Ensuite la déception continue avec la première actrice que l'on voit, qui joue comme un pieds. Cependant le cadre de Crystal Lake amène peu à peu une atmosphère inquiétante qui comble tant bien que mal les lacunes du films - moments un peu longuets, quelques acteurs médiocres, ennui fréquent au début...quand au classicisme de l’œuvre il n'est pas à reprocher puisque ce sont plutôt les autres films qui ressemblent à Vendredi 13, ce dernier ayant contribuer à forger les conventions et les codes du thriller gore - en les étouffants peu à peu au fur et à mesure que la trame avance, nous faisant sombrer dans une paranoïa ultra angoissante. Car le plus grand mérite de ce film réside dans sa façon d'être filmée par Sean Cunningham, qui par ses mouvements de caméra lents et insidieux, presque imperceptibles, nous amène à voir le tueur partout, à fouiller frénétiquement chaque plans du regards. Aussi ce sont les moments où en fin de compte il ne se passe rien qui font le plus peur. Ajoutez à cela des effets spéciaux de génie qui pour l'époque sont impressionnants : les meurtres sont vraiment sanglants et ça ne plaisante pas, ce qui m'a surpris. Ainsi, plus on approche de la fin, et plus le stress et l'angoisse nous tiraillent. On est face à une lente montée crescendo dans l'horreur la plus totale, et ce avec une habileté mesurée. La bande son n'est malheureusement pas toujours à la hauteur, et si elle a le mérite d'inventer les premiers effets sonores du genre qui seront repris éternellement , reste très vieillotte dans l'ensemble et a plutôt pour conséquence de "casser" l'angoisse. Ceci dit, ce défaut là ne présente pas un problème majeur au niveau de la flippe : ne vous inquiétez pas, les sursauts (parfois très violents) sont assurés. Le final, quant à lui, laisse en jeu les deux meilleurs acteurs du film : Adrienne King qui compose une performance étonnante de par sa proximité avec celle de Shelley Duval dans Shining et bien évidemment Betsy Palmer qui nous livre un véritable monstre qui échappe au déjà vu en guise de tueur. Après ce long duel à mort, éprouvant, quasiment insoutenable, vient le choc final, le plus terrible de tous, qui nous achève sans pitié, et nous laisse le goût du film marquant qu'on oubliera pas de sitôt. Le coup de grâce qu'il fallait pour apposer le sceaux de culte sur ce film pourtant pas dénué de tares.