Starship Troopers est un film de "science-fiction militaire" (j’ai beau être habitué à Wikipédia, je n’avais encore jamais vu ce qualificatif) à gros budget et petit succès.
On notera plusieurs points horripilants au deuxième visionnage : les sourires à 1 franc de la plupart des acteurs et leur propreté miraculeuse dans le monde sanglant de l’armée. Ce dernier souci sera toutefois corrigé par les innombrables éclaboussures multicolores de sang alien, lequel jaillira joyeusement des bestioles à chaque escarmouche. Il est aussi étonnant de voir avec quelles facultés et quel flegme les pilotes éviteront les obstacles à bord de leurs mastodontes de l’espace. Comme dans tous les films de science-fiction, lesdits vaisseaux sont bruyants même en absence d’atmosphère, mais on pardonnera ce menu détail en partant du principe que la bande-son est importante pour mettre l’ambiance.
Parlons maintenant des aliens, naïvement représentés sous la forme d’insectes aussi appelés arachnides (notons que les gradés du futur ne sont pas assez cultivés pour faire la différence entre les deux). Ce qui peut séduire les amoureux de bêtes bizarres dans ce genre de films, c’est leur diversité : dispersées sur plusieurs planètes, on trouve quatre espèces différentes : les "troopers", tout en yeux, griffes et cris stridents ; les "volants", que James Cameron copiera 12 ans plus tard pour son Avatar ; les "canons", mystérieusement aptes à balancer dans l’espace une arme appelée "plasma" par la seule force de leur corps gluant, et enfin les "tanks", plus gros et plus moches, remplis d’une matière orange qui dissout les corps. Infanterie, artillerie, aviation, blindés : pour constituer une armée digne de ce nom, il ne manque à nos chères bestioles que la marine et les gradés. Manque de chance, les rochers que les E.T. habitent ne comprennent apparemment pas d’eau…on se contentera donc de flanquer le groupe de "cerveaux" : plus gluants encore, ces rampants aux yeux multiples constituent la clé de la survie de l’homme. Ah, j’oubliais : à moins que les aliens ne mangent de la roche ou ne soient cannibales (ce qui n’est pas sous-entendu), ils ne se nourrissent pas.
Mais la crédibilité de l’ensemble n’est pas compromise par tous ces détails : la hiérarchie humaine reconnaît ses faiblesses et évolue, et les lacunes du spectateur inattentif sont habilement comblés d’épisodes semi-publicitaires émis par le "Réseau Fédéral", système de communication du gouvernement terrien. Dans l’armée, conformément aux exigences tacites des grands succès américains du cinéma, q
uelques gentils meurent et les méchants prennent le dessus un moment
, mais contrairement à la majorité des films qui répondent à cet appel, celui-ci aura le bon sens de faire vivre mille morts aux deux héros (c’est une expression, mais chacun meurt au moins une fois officiellement)
avant de les réunir
, même s’ils retombent sur leurs pattes de manière un peu miraculeuse, quelques fois…
Et quand le gentil héros meurt à la fin, on est bien contents qu’il débarrasse le plancher, car ça fait de la place pour les autres.
Côté effets spéciaux, on s’étonnera (franchement même, de ma part) de le voir nominé à cet Oscar. Les explosions ont la particularité très démodée de ne pas évoluer : on a beau balancer des vaisseaux au milieu, ou même décaler la caméra, le souffle ne bougera pas d’un poil. Je pensais qu’on avait arrêté de faire comme ça après les premiers Star Wars…
On ne sait pas où sont allés les sous qui ont été nécessaires au tournage, le scénario est candide et mièvre, mais le portrait que le film fait du futur est très cohérent et crédible, et la manière dont se déroule la guerre elle-même est très plaisante. Plus que distrayant.