Il y a dans « Starship Troopers » cette ironie à tous les niveaux, qui se joue de l'armée et du militarisme, sans oublier le film de guerre ultra-patriotique. Paul Verhoeven, déjà auteur des films cultes « Robocop » et « Total Recall » décide avec « Starship Troopers » de lancer son brûlot contre l'armée et le patriotisme ambiant qui rôde l'industrie de la guerre. Adapté du livre éponyme qui en matière de propagande militaire est un « chef d'oeuvre » du genre, Verhoeven s'approprie les codes du bouquin pour en faire une adaptation à sa façon.
Plusieurs degrés de lecture occupent le film. Le premier, celui du divertissement pur et dur que le spectateur lambda se contentera de suivre tranquillement, fesses posés sur le canapé, chips d'une main et bière de l'autre. Autant dire, que regarder le long-métrage de cette façon est inutile, surtout que l'on passe à côté de toutes les subtilités qu'à glissé Verhoeven.
Le second degré de lecture est bien plus intéressant.
A l'image d'un « Full Metal Jacket », le film est séparé en deux parties bien distinctes. La première est focalisée sur le recrutement et l'entraînement des soldats. Loin d'égaler la ferveur de l'antimilitarisme kubrickien et de suivre un schéma âpre visant à décrire la bêtise humaine latente dans les camps d’entraînement, la critique est poussée grâce à cette ironie qui ne quitte jamais le film. Comme dans tous les bons vieux films propagandistes militaires, les soldats s'extasient à l'idée de partir sur le champ de bataille, de tuer les arachnides, horribles bestioles qui menacent l'humanité. Ils prennent plaisir à se faire ridiculiser par leurs supérieurs, et dans un élan de fausse compréhension, obéissent au doigt et à l'oeil. Le fait est que si ça avait été traité au premier degré, comme dans un certain « Windtalker » (magistrale erreur de John Woo. Lui même admettra regretté avoir réalisé ce film de commande), le film aurait sombré dans la grosse bêtise. Cependant, Paul Verhoeven est bien plus malin que ça et appuie la connerie des soldats à un juste milieu. Les scènes, en plus d'être diaboliquement hilarantes véhiculent un dégoût ambiant. Le spectateur se voit alors obligé de réfléchir aux idées transmises.
La seconde partie se veut plus action, ou une fois formés, nos Starship Troopers partent au front et liquident plusieurs charges d'arachnides en beuglant leur code moral. L'humour noir est toujours de mise, notamment lors de cette scène ou, les jambes tranchées par une bestiole, le colonel demande pour le bien de son pays de se voir fusillé, acte que le second se charge d'appliquer sans réflexion. La mise en scène souligne bien l’imbécillité guerrière. De plus, le film est souvent ponctué de fausses pubs propagandistes ou une voix off lance des slogans idiots à tout va afin d'attirer le plus de monde à l'armée.
Placé le contexte du XXIVème siècle et des bestioles extra-terrestres en guise de méchants, « Starship Troopers » est un film terriblement d'actualité, ou avec la multiplication de jeux-vidéos et séries de guerre, les morales de ces divertissements lavent les cerveaux de nos chères têtes blondes et pas que. En quelque sorte, créer des machines à tuer, prêt à servir la patrie. Comme les adolescents du film, ou durant leurs études, leur professeur clame les différences entre le citoyen et le civil. Le citoyen est celui qui défend sa patrie au service de sa vie, le civil celui qui se prélasse, la tafiole qui n'a pas de couilles pour allez se suicider au combat. « Starship Troopers » en cela est un film très intelligent, admirablement réalisé par Verhoeven qui nous gratifie d'un excellent brûlot.