"Aviator", réalisé par Martin Scorsese en 2004, incarne une exploration cinématographique riche et ambitieuse de la vie tumultueuse de Howard Hughes, une figure aussi fascinante qu'énigmatique. Le film débute par ses premiers succès à Hollywood dans les années 1920 et suit sa trajectoire jusqu'au vol inaugural de son avion, le Spruce Goose, en 1947.
Le scénario, signé John Logan, puise dans la biographie de Charles Higham pour dépeindre un Hughes à la fois visionnaire et profondément troublé, interprété avec une intensité saisissante par Leonardo DiCaprio. Cette performance est sans doute l'un des atouts majeurs du film, DiCaprio naviguant habilement entre le charme désinvolte de Hughes et ses accès de paranoïa dévastateurs.
Visuellement, "Aviator" est un festin. La photographie de Robert Richardson, mêlant couleurs saturées et nuances subtiles pour évoquer différentes périodes de la vie de Hughes, est un hommage réussi aux techniques cinématographiques de l'époque. Les décors de Dante Ferretti et les costumes de Sandy Powell recréent avec une précision et une opulence remarquables les détails de cette époque dorée d'Hollywood.
Cependant, malgré ces points forts, le film souffre parfois d'un rythme inégal. Certaines sections, surtout celles dédiées aux défis techniques et aux combats corporatifs de Hughes, tendent à s'étirer un peu trop longuement, diluant l'impact émotionnel de ses luttes personnelles. De plus, bien que la distribution secondaire, incluant Cate Blanchett en Katharine Hepburn et Kate Beckinsale en Ava Gardner, soit compétente, certains personnages semblent sous-développés, ne servant que de satellites à l'orbite complexe de Hughes.
La musique, composée par Howard Shore, soutient adroitement l'atmosphère du film, bien qu'elle ne se distingue pas particulièrement parmi les autres éléments spectaculaires de la production.
En conclusion, "Aviator" est un film impressionnant qui réussit à capturer l'essence d'une période et d'une personnalité historique avec une grande fidélité artistique et narrative. Cependant, il n'atteint pas tout à fait les sommets qu'il pourrait en raison de longueurs et d'un développement inégal de ses personnages secondaires. C'est un hommage cinématographique compétent et souvent captivant, mais qui ne parvient pas toujours à maintenir son altitude narrative avec la constance que l'on pourrait espérer.