Difficile de reprocher à un réalisateur de faire des films trop longs : à l'origine, c'est une intention parfaitement louable, et quand le sujet est passionnant, le spectateur en a pour son argent.
En revanche, quand le thème choisi ou son traitement ont des difficultés a vous embarquer, la durée peut devenir un facteur de lassitude, voire d'ennui.
Pour ma part, c'est ce que j'ai ressenti en visionnant "The aviator" (2004), beau film incontestablement, mais à la limite du pensum après plus de 2H30 de séquences plus ou moins intéressantes et assez fatigantes visuellement.
C'est d'ailleurs paradoxal, car la qualité première du dix-neuvième long-métrage de Martin Scorsese tient justement à cette réalisation bigarrée, alternant brillamment, selon les époques représentées, entre le Technicolor bichrome des débuts, la trichromie flamboyante des années 30, et les séquences numériques spectaculaires, mais qui paraissent parfois trop lisses donc un peu factices.
Une sollicitation permanente des sens qui finit par devenir presque excessive, même si c'est raccord avec le thème du film.
Scorsese nous présente un Howard Hughes jeune, brillant, invincible, hélas rattrapé par ses névroses, alors qu'il fut l'un des hommes les plus influents du siècle. Un personnage fascinant, aviateur de génie, séducteur hors-norme, et producteur de cinéma mégalomane.
Hélas, si cette facette hollywoodienne est abordée, le cinéphile sera un peu déçu de constater, comme l'indique le titre, que c'est le domaine de l'aviation qui constitue le cœur du film.
Dommage, car les apparitions de Katherine Hepburn (Cate Blanchett), Ava Gardner (Kate Beckinsale) ou Errol Flynn (Jude Law) sont autant de séquences savoureuses...
Ces derniers entourent un Leo Di Caprio de gala, qui incarne avec talent les différentes facettes d'un Howard Hughes triomphant ou maniaco-dépressif selon les évènements.
En résumé, malgré des atouts indéniables, "The aviator" est sans doute, parmi les films "contemporains" de Scorsese, celui qui m'aura personnellement le moins touché.