Film d'aventures dramatique, coécrit et réalisé par Jean-Jacques Annaud, Deux Frères a tout sur le papier pour être un magnifique long-métrage, et pourtant, l'œuvre ne parvient pas à être aussi forte qu'elle aurait due l'être. L'histoire se déroule en Indochine dans les années vingt, et nous fait suivre le sort de deux jeunes tigres nés loin de toute civilisation, dans les ruines d'un temple khmer. Alors qu'ils grandissent tranquillement dans leur milieu naturel avec leurs parents, les deux félins voient leur destin bouleversé par des hommes les capturant et les séparant. Ce scénario n'est pas une partie de plaisir à visionner pendant toute sa durée d'un peu plus d'une heure et demie. En effet, on assiste à un récit dur et violent envers ces mignonnes boules de poils. Il dénonce tout ce que l'humain a de pire en lui en évoquant des thématiques comme la cruauté et la maltraitance animale, la chasse, le pillage et le colonialisme. Beaucoup de scènes sont désagréables à regarder à cause des douloureux sévices infligées aux tigres entre enfermement dans des cages, tabassage et exploitation. Toutes ces atrocités sont commises par des personnages détestables et peu intéressants, interprétés par une distribution sans relief comportant Guy Pearce, Freddie Highmore, Jean-Claude Dreyfus, Philippine Leroy-Beaulieu ou encore Oahn Nguyen. Aucun de ces rôles n'est rendu sympathique, ce qui est assez problématique et dérangeant. Il aurait été judicieux et nuancé d'apporter un protagoniste s'alliant à la cause animale. C'est ici beaucoup trop manichéen et sans espoir concernant la nature humaine, même si on tente un petit peu de rendre le chasseur ambivalent. Seulement, cela est fait de manière peu subtile. Les visages que l'on retiendra le plus sont évidemment ceux des deux petits tigres absolument adorables découvrant la vie et évoluant sous nos yeux compatissants. On ressent toutes leurs émotions à travers leurs expressions entre peur, tristesse et jeux. Ils sont très bien mis en valeur à travers la réalisation du cinéaste français. La mise en scène de Jean-Jacques Annaud parvient à capter des instants attendrissants. De plus, elle évolue dans un beau cadre naturel, à la fois hostile et sacré. Ce visuel nous gratifie de jolis plans accompagnés par une b.o. signée Stephen Warbeck. Ses compositions collent bien aux images et sont agréables, néanmoins, elles manquent tout de même de puissance émotionnelle. Cette traque sans répit s'achève sur une fin réussie, venant mettre un terme à Deux Frères, qui, en conclusion, est un film nécessaire afin de dénoncer tous les sujets abordés, même si ceux-ci ne sont pas forcément très bien traités.