Bon, il faut être franc, Le Professionnel a plus marqué les esprits par sa musique que par ses qualités intrinsèques, qui restent celles d’un petit polar français des années 80 assez mou et pas toujours très heureux dans ses choix.
Le casting permet à Belmondo de ressortir un personnage qu’il connait bien de héros à qui on ne la fait pas, volontiers séducteur, volontiers rigolard, mais sans concession avec les méchants. Plutôt à l’aise, l’acteur s’en sort bien, mais il faut reconnaitre que son personnage qui se sort continuellement de tous les pièges, qui pensent toujours à tous, sans aucune aspérité est parfois assez agaçant et pas très crédible. Il est entouré d’interprètes de qualité, notamment un Hossein qui s’en donne à cœur joie en méchant et un casting féminin de charme. Donnadieu est très bon aussi. Après il y a quelques loupés, notamment un Michel Beaune presque transparent.
Le scénario est moyen. Le début en Afrique est franchement loupé. On dirait un résumé concentré d’un autre film, les images s’enchainent, les rebondissements aussi, sans vraiment de clarté. Honnêtement le début met assez mal à l’aise, surtout après le générique criard et terriblement vieilli. Ensuite les choses vont mieux. L’histoire se met en place. Globalement on ne s’ennuie pas, mais il n’y a rien de très enchantant. Si l’intrigue réserve de bons moments, notamment dans la conclusion réussie, le rythme nonchalant, l’invincibilité du personnage de Belmondo, les invraisemblances de certaines scènes aux limites du ridicule (il y en quelques-unes c’est presque de l’auto-parodie), viennent régulièrement entamer son efficacité.
Visuellement si la mise en scène de Lautner est globalement bonne (sauf les passages en Afrique franchement loupés), se permettant quelques références à des genres comme le western, pour le reste le film se contente d’être correct. Décors plutôt bons mais pas très exploités, photographie quelconque. Le Professionnel marque bien sur des points par sa musique, même si au final elle n’est pas toujours très en adéquation avec ce qui se passe à l’écran. Elle est d’ailleurs parfois balancée pour dix secondes d’images à peine, alors que c’est un thème progressif bien plus à propos pour de longues séquences d’ambiance.
En conclusion Le Professionnel est un de ces polars français typiques des années 80 qui a perdu pas mal en saveur, et qui malgré son succès à l’époque restait assez fade en bouche. Il y a de bonnes choses, et il y en a de mauvaises, la moyenne est pour moi la note méritée.