Quand j’ai vu que les notes plafonnaient à peine à plus de 3 étoiles, je me suis dit qu’il été temps que je publie une critique pour réhabiliter ce monument, beaucoup trop sous-estimé malgré son importance pourtant historique dans l’histoire du cinéma. Qui plus est, voir la plupart des critiques du site être composées pour la plupart de « ohh c’est nul, c’est trop mal fait » ou bien encore « Trop moche et irregardable aujourd’hui », m’a véritablement convaincu d’écrire ces lignes. Car pour savoir apprécier TRON dans toute sa splendeur et son grandiose il faut être capable de faire quelque chose que beaucoup semble avoir du mal à faire : remettre l’oeuvre dans son contexte et son époque. C’est là ce qui fait tout la différence.
Quand le film sort, nous en sommes en 1982. 1982 ! Rendez-vous bien compte ! Nous sommes encore à des années de la sortie du tout premier Super Mario sur NES, à plus d’une décennie du premier Jurassic Park, et les ordinateurs sont encore un outil très étrange et futuriste pour la plupart de la population. C’est à cette époque que ce véritable ovni de la SF sort, sûrement beaucoup trop en avance. On y parle de programmes, concepteurs, de piratage informatique, si aujourd’hui tout cela nous parle sans problème, imaginez le public absolument largué de 82. Et c’est justement tout là le génie de TRON : un film sorti dans les années 80 et ayant pour thème les jeux-vidéos et l’informatique, il fallait oser. Mais surtout, la prouesse du film réside dans ce monde virtuel absolument bluffant et époustouflant pour une œuvre de 82 ! Alors qu’absolument TOUTES les productions Hollywoodiennes de l’époque s’en tenait aux effets pratiques, le jeune réalisateur prend tout le monde de court avec l’idée visionnaire d’exploiter les nouvelles technologies pour concevoir des effets spéciaux conçus par ordinateur. De créer, par le biais de ces technologies, l’impossible, retranscrire un monde impossible à concrétiser par des moyens humains, transposer des plans filmés avec des moyens terrestre dans un monde virtuel et impalpable. Et certes, on sent les très grandes limitations techniques, avec ce monde constitués principalement de formes géométriques, mais Lisberger se sert justement de cette faiblesse pour en faire une force ; il crée un monde unique et encore jamais-vu pour l’époque, instantanément reconnaissable par ses formes cubiques et triangulaires colorées et teintées de néon bleu et rouge. Le tout, inspiré par des croquis et concept arts du grand dessinateur français Moebius. En résulte un film révolutionnaire faisant date dans l’histoire, avec un grand « H », du cinéma et ayant inspirés des cinéastes tel que Spielberg et Lucas pour son utilisation des effets numériques. Que ça soit les séquences dans le monde réel, très bien éclairées et bénéficiant de très beaux décors, ou bien ce monde virtuel absolument fou, ayant donné naissance à des séquences cultes et inoubliables comme le lancer de disque, ou bien encore les courses de Lightcycles, auquel sa suite TRON : L’HÉRITAGE rendra d’ailleurs un vibrant hommage.
En prenant toutes ces raisons en compte, le contexte et l’époque, et ayant un œil avisé et bienveillant en regardant le film, alors oui, on peut se rendre compte que TRON est un grand film, dont l’immense impact sur le cinéma est encore aujourd’hui beaucoup trop mésestimé. Et j’espère que les gens jugeant le film avec un œil moderne, en lui attribuant 2 étoiles, sans prendre en compte une seule seconde tout ce que je viens de dire, pourront lire ses lignes et peut-être changer d’avis. :)