Parole de cinéphile entendue il y a quarante ans : tu dois voir 8 ½ , ca fait cinq fois de suite que je le vois c’est indispensable à connaître…
Voilà qui est fait. Pourquoi avoir attendu pour être assailli par ce flot d’images, de musique, de dialogues de l’intarissable Fellini. Un génie créatif qui ne refuse de rien cacher, qui étale au travers du grand Marcello ses affres de la page blanche, ses traumatismes et émotions enfantines, son rapport à toutes les femmes, mère, femme, putain, amante et actrices.
Sa mise en scène est exubérante, hilarante, poétique, incongrue, remplie de personnages de tout poil, nus, déguisés, travestis, mais jamais inconvenants.
Pas de scène de sexe, alors qu’il en parle tout le temps, cherchant à réunir la chair et l’intelligence des sentiments dans une seul âme bien faite. A propos de anima, elle se cache dans la phrase magique Asa Nisi Masa, qui permet à Guido de retourner en enfance, une sorte de Rosebud à lui.
Les scènes collectives sont sans pareille, descente aux enfers, parait-il que Dante l’inspira beaucoup.
Et ces quatre clowns de la scène finale guidés par Guido enfant, réconcilié avec son alter ego d’adulte, et qui va disparaître du cercle de lumière comme par magie.
On en redemanderait bien une heure, à part que la tête virevolte encore de cette débauche d’énergie et de confessions intimes.
Donnez nous du rêve, Fellini l’a fait.
DVD aout 2013
Revu cette fois-ci en grand écran, qui, à ma surprise, n'ajoute pas grand chose. Fellini n'aimait pas les scénarios, cela se voit ici. Sa capacité à visualiser les rêves qui l'agitent pour les mettre en scène sans retenue fait de Fellini un exemple quasiment inégalé de créativité et d'exploration freudienne de l'âme humaine.
Il faut accepter de se laisser porter dans ce torrent ininterrompu qui vous emporte ou vous laisse sur la berge indifférent.
Peut-on s'identifier, ce n'est pas sur, car le chaos ne génère pas obligatoirement l'émotion voire l'empathie.
De la même année 63, le Guépard finalement l'emporte dans cette période bénie du cinéma italien.
Cinéma janvier 2022