C'est un film qui finit par faire monter une larme quand on finit par comprendre que l'auteur n'a pas cessé de vous parler. Quant à l'étiquette de thriller qu'on donne à ce film, bof.
On voit "La Reproduction Interdite" de Magritte (1937) dès la première seconde du film, ainsi qu'à la dernière. Il est clair que ce peintre faussement naïf aura inspiré l'auteur du film, et qu'il nous aura conditionné, quasi-inconsciemment. - Ça aurait pu être "D'où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ?" de Gauguin (1897), mais c'est Magritte qu'il choisit, sans doute pour l'absurdité...
Il est clair aussi que ce film n'est pas un chef d'œuvre de... clarté. Du fait du sujet traité (l'identité), mais aussi, indéniablement, du fait que c'est japonais et qu'on a du mal (nous autres occidentaux) à se familiariser avec les noms des personnages. Or, des personnages, il y en a à profusion ! On a d'ailleurs un problème de reconnaissance physique des personnages eux-mêmes, tant beaucoup se ressemblent (pour nous autres).
Ce film n'est donc pas reposant. Il n'est pas drôle non plus (il n'y a pas une seconde d'humour). Il n'est pas fait pour les êtres en construction (ils ne comprendraient pas, tout simplement), il est fait pour les êtres construits, déjà cuits peut-être... Pour ceux qui se sont frottés à la vie, ceux qui ont été obligés de réagir, de réfléchir, face à la mort, au bien, au mal. Pour ceux qui en arrivent à se faire souffrir pour éteindre leurs cauchemars...
Ça parle beaucoup de deuil, d'environnement familial qui façonne notre nature, de la peine de mort qui signifierait qu'on ne croit pas qu'on puisse changer de nature. Ça parle de fuite de la réalité quand on n'en peut plus, de rêves, de rêves de changement... d'identité, justement. Ça parle de gentillesse inépuisable quand on trouve enfin la paix, ou chaussure à son pied - ce qui semble être le message du film (quand on se sent bien, on aime naturellement les autres, qui vous le rendent).
A.G.