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Vador Mir
256 abonnés
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2,5
Publiée le 5 novembre 2024
Encore une pépite originale signé Zemeckis avec une capacité à raconter des histoires en image de façon minimaliste. Comme pour Forrest Gump Zemeckis revisite l'Amérique Des séquences émouvantes et une technique de rajeunissement numérique proche de la perfection. Une réussite visuelle. La musique de Alan Silvestri comme d'habitude, mais un peu moins présente qu'habituellement. La caméra statique fini par peser un peu.
On avait envie de l’adorer ce film. De l’idée super originale à son casting en passant par l’aspect technologique inédit, il avait un potentiel incroyable. Aussi bien visuellement qu’au niveau de l’émotion (et un brin de nostalgie). Le problème est que Zemeckis semble avoir eu les yeux plus gros que le ventre, un trop-plein d’ambition qu’on ne peut lui reprocher d’ailleurs, et que, finalement, « Here » est loin d’être la petite pépite attendue sans pour autant être un mauvais film ou une œuvre ratée. En somme, et pour rester dans ses nombreuses œuvres qui mettent en avant des défis technologiques quels qu’ils soient, son nouvel opus est moyen et un peu frustrant car on sent quel grand film il aurait pu être mais loupe le coche. Alors certes, on n’est pas dans un long-métrage complètement foireux comme « Bienvenue à Marwen » ou anodin et oubliable comme « The Walk » mais pas non plus dans une totale réussite comme, par exemple, les films de sa période animée (« La légende de Beowulf » ou « Le Pôle Express ») et encore moins un chef-d’œuvre comme « Qui veut la peau de Roger Rabbit ? » ou surtout « Forrest Gump ». Non, ici on est dans la catégorie de ses œuvres moyennes et sympas mais pas réussies autant qu’on l’aurait souhaité comme « Sacrées sorcières » par exemple. Et on omet bien sûr dans cette liste ses films plus classiques comme « Apparences » ou « Flight ».
On parlait de son chef-d’œuvre, « Forrest Gump » et c’est d’ailleurs la proposition de base de ce « Here » : tenter de retrouver plus de trente ans après la magie de ce bijou. On retrouve la même équipe devant et derrière la caméra. Cette fois, ce n’est pas un morceau d’Histoire des États-Unis vu par le biais d’un personnage incroyable avec un scénario magnifique et plein d’émotion. Là on adapte un ouvrage qui suit des décennies d’Histoire à travers une maison et ses habitants. Et Zemeckis pousse le concept plus loin en choisissant un plan fixe sur la pièce à vivre qui verra tous ces gens se succéder avec des moments de vie importants croqués sur le vif. Mais le réalisateur choisit de pousser le concept de manière encore plus extrême toujours avec le même plan fixe au même endroit : il va jusqu’à reculer encore plus loin dans le temps en allant chercher la vie autochtone, la période de la colonisation et même celle des dinosaures (!).
Et c’est là que le bât blesse, car ces passages certes ambitieux, rendant le passage de l’homme tout petit face à l’immensité du temps, semblent de trop et appartenir à un autre film. Zemeckis a voulu se la jouer Terrence Malick de « Tree of life » (film qu’on peut trouver très pompeux) en faisant une sorte de « House of life » mais cela ne lui va pas du tout. En effet, on aurait aimé que « Here » se concentre sur une famille de son début à la fin, par ordre chronologique de manière à plus s’attacher à eux et à laisser poindre l’émotion, quasiment absente ici. Tous les autres personnages, de la famille afro-américaine qui succède à la famille principale dans les lieux à toutes les familles d’avant en passant donc par ces plans sur la nature, une météorite frappant la Terre où même la famille de Benjamin Franklin, c’est trop et ça nous déconnecte de l’intine qui aurait pu su bien aller à cette histoire et à ce concept.
En revanche, on ne peut que louer les effets spéciaux de rajeunissement. Contrairement à certains films où c’est vraiment voyant et donc raté, comme pour l’androïde censé représenté Ian Holm dans le dernier « Alien » ou Robert de Niro dans « The Irishman ». Ici Tom Hanks et Robin Wright semblent vraiment jeunes et sans qu’on puisse en déceler les quelconques trucages, c’est assez impressionnant. Ensuite, si le procédé est forcément figé, la manière dont Zemeckis appréhende et s’affranchit de ce défi technique et visuel est admirable. La mise en scène est fluide tout comme l’exécution de ces tableaux de vie (car cela s’apparente bien à des tableaux vivants qui s’enchaînent) où ces quadrilatères de bouts d’écran qui intègrent l’image principale pour indiquer la suivante sont comme le doigt qui tourne la page suivante d’un livre. Le cinéaste prouve qu’il est toujours aussi à l’aise avec les nouvelles technologies, un peu comme Cameron, et qu’il s’en amuse. Sur ce point c’est vraiment encore une belle prouesse mais ses choix narratifs la rendent malheureusement trop désincarnée et rarement l’émotion nous affleure malgré quelques jolis moments. Dommage.
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