Un Enfer. Le pire des 5, et pourtant le 3 était difficile à battre. La seule vanne qui a fait glousser la salle (assez remplie) a été le jingle de la qualité sonore (parmi les sponsors du début, lourdement doublés par "Jeff Tuche") qui a fait retentir "frites" avec un son cristallin dans chaque baffle du cinéma, voilà, c'était tout pour les zygomatiques qui sont restées amorphes pendant l'heure quarante qui a suivi (par contre un joli concerto de soupirs exaspérés, à chaque fois qu'une vanne recommence pour la sixième ou septième fois, il y en a eu quelques-uns qui étaient au bout de leur vie : on compatit). Voici donc Les Tuche 5, qui vous prend pour des niais (on va le dire poliment), avec ses gags recyclés ad nauseam (chaque vanne est refaite cinq ou six fois, alors que la première n'était déjà pas drôle : c'est interminable...), avec ses problèmes de continuité dans la saga (où est passé le deuxième enfant de Stéphanie ? Pourquoi Cathy affirme-t-elle que la recette des frites est secret défense, alors qu'elle l'a refilé à la cinquantaine de cuistots de l’Élysée sans problème dans le troisième opus ?...), et surtout avec ses gags incompréhensibles. Au choix : parce que les acteurs en font maintenant tellement des caisses avec leur accent qu'on ne comprend rien à ce qu'ils baragouinent dans certaines répliques, parce que les phrases semblent sortir de nulle part ("Qui es-tu, petit bonhomme ?" dixit Will...quand il n'y a plus personne à qui s'adresse cette phrase. Logique.), parce que l'omniprésence de blagues sur le slip dénote avec l'ambiance familiale qui régnait dans les opus précédents (que c'est vulgos), et que la seule occasion où le "Cot cot cot" insupportable de Will aurait pu être drôle n'est pas exploitée (on s'attendait, lorsqu'il guide la voiture en marche arrière, à ce qu'il se mette à faire le détecteur d'obstacle : "cot, cot, cot, cotcotcot, coooooot.", ça n'aurait pas volé haut, mais on aurait souri, mais même pas. Le film n'a aucune bonne idée, c'en est désolant). Aussi, ne cherchez pas Coin-Coin, il doit avoir environ cinq minutes de temps d'écran en tout (juste pour se moquer des écolos, avec une finesse de tonton facho de bout de table), n'espérez rien de ce road-trip londonien qui n'a à offrir que des clichés (incompréhensibles, là aussi : pourquoi
Paddington
dans les urinoirs ? Pourquoi
Jack L’Éventreur
après la dispute de Cathy et Jeff ? Pourquoi... On peut arrêter environ 80% des vannes de ce film à ce simple mot : "Pourquoi ?") sans réel scénario, sans enjeu, sans envie (pensée pour Pierre Lottin qui vient de nous décoiffer avec le magnifique En Fanfare, qui s'enquiquine royalement à n'égrener que des "cot cot" dans ce navet : son personnage a tellement baissé en intelligence au fur et à mesure des opus, qu'il ne sait plus faire une phrase, même grammaticalement fausse, donc maintenant il fait la poule. Pauvre Pierre Lottin). On s'ennuie comme des rats morts dans ce film qui tourne à vide (même le montage est outrancièrement raté : regardez seulement le "dialogue" de Will avec "Christophe le serviteur", dont 50% des plans le montrent de dos en train d'écouter un autre dialogue... Ce sont deux scènes différentes qui sont montées ensembles, et espèrent que le public est assez bas du front pour ne pas se rendre compte que la personne à qui l'on parle n'est "juste" pas dans le bon sens... Est-on si bête que cela ?). 1h40 de silence mortifié dans la salle, ceux qui espéraient encore passer un bon moment ont fini par soupirer devant la redondance des mauvais gags (longs, mais longs...), les autres ayant déjà lâché l'affaire et finissant les répliques en susurrant (tout est ultra-prévisible), regardant d'un œil torve ce qui promet d'être un succès au box-office (allez, trois millions bien tapés). God Save the Tuche ? Un Enfer.