Malgré l'infini tendresse que je porte à Yolande Moreau, dont la sensibilité me touche énormément, et dont le premier film, Quand la mer monte, m'avait ému aux larmes, force est de reconnaître que son nouveau film risque de laisser pas mal de monde sur le côté de la route.
Mais beaucoup seront, comme moi, très heureux de replonger dans l'univers doux et fou de la réalisatrice qui nous offre, une nouvelle fois, un film d'une incroyable liberté, avec, notamment, cette brochette de personnages tous aussi savoureux les uns que les autres.
Une belle bande de faussaires, tous "tricheurs" dans leur domaine : un jardinier communal qui se travestit, un faux chanteur de country, un jeune peintre qui reproduit les toiles de Maîtres à la perfection et un faux poète.
Et que dire de William Sheller, absolument génial en prêtre subversif. Rien que la scène où il joue du ABBA sur l'orgue de l'église mérite d'aller voir le film.
Le regard tendre que porte Yolande Moreau sur tous ces personnages confirme l'attachement de cette dernière pour ce qui est marginal, ce qui ne rentre pas dans les cases, et nous apporte la preuve que, pour la réalisatrice de 70 ans, vieillir ne signifie pas nécessairement s'assagir.
Quel bonheur également de la revoir évoluer avec deux de ses anciens compères de la troupe des Deschiens : François Morel et Philippe Duquesne, ce dernier s'illustrant dans une scène de cinéma muet particulièrement savoureuse.
Toutefois, malgré de très jolies séquences, et même si l'on retrouve bien toute la poésie de Yolande Moreau, sa sensibilité, sa créativité et sa folie douce... le film ne tient malheureusement pas vraiment sur la longueur et une perte d'intérêt se fait sentir, notamment à cause d'un scénario un peu léger.
Il n'en demeure pas moins que cette incursion dans le monde si particulier de cette grande artiste, loin de la folie du Monde dans lequel nous vivons, constitue une douce parenthèse et une véritable bouffée d'air frais qui fait du bien.
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