Petite fantaisie permise au grand Woody Allen durant les années 80, à une époque où son cinéma commençait gentiment mais sûrement à s'essouffler. Pour remédier à cela, on garde les mêmes décors (l'indétrônable cité New-Yorkaise) et la même muse (Mia Farrow) mais on change de contenu. Exit les tourments psychologiques de notre petit myope adoré, place au fantasme que le cinéma peut procurer et à la notion de bonheur chez une femme depuis longtemps mariée mais délaissée et à la recherche du prince charmant. Partant d'une idée vieille comme l'invention des frères Lumière (et si les personnages à l'écran prenaient vie et venaient s'immiscer dans notre existence ?), Allen signe une fable gentillette et amusante, rendant dans un premier temps hommage à tous ces vieux films de la crise (celle de la Grande Dépression, évidemment) qui ont alimenté son imaginaire plus jeune. Il ne cesse effectivement de souligner le charme d'une époque révolue, prenant le parti d'évoquer le sujet avec une nostalgie sentimentale touchante bien qu'un brin mielleuse parfois, s'attardant avec un plaisir béat sur les détails qui ont forgé la réputation de l'usine à rêves si dominante. Ensuite, son projet vire vers la franche comédie, avec un homme n'ayant aucune conscience des réalités du monde (forcément, il débarque de nulle part), ce qui donne lieu à plusieurs scènes cocasses certes attendues mais néanmoins plaisantes. Enfin, W.A. conclut son récit de façon un peu décevante, très calme, très sage, de façon à ce que tout rentre définitivement dans l'ordre et que la boucle soit bouclée... Tout cela n'était-il donc qu'un rêve ? La mise en scène est un peu terne, sans éclairs de génie, monotone, ne parvenant pas à capter les émotions, comme prisonnière d'un ton auquel elle n'aurait pas su s'adapter (sans changement par rapport à d'autres films pourtant radicalement différents) et l'interprétation a de quoi nous laisser sur notre faim. Un opus Allenien moyen, distrayant sans être transcendant.