Twisters témoigne d’un indéniable savoir-faire en matière de divertissement : les effets visuels impressionnent, le rythme est soutenu – si l’on omet une séquence niaise dans le domaine agricole maternel –, la mise en scène plutôt soignée dans ses mouvements de caméra et dans ses cadres. La partition musicale de Benjamin Wallfisch, que l’on identifie dès les premières notes, apporte ampleur orchestrale et sensibilité au piano, c’est-à-dire un semblant d’âme dont le film demeure sinon dépourvu.
Car Lee Isaac Chung, précédemment oscarisé pour Minari (2020), ne dispose d’aucune vision singulière, et se contente de réactualiser un classique du blockbuster des années 90 produit par Warner et Amblin : son scénario, signé par le surestimé Joseph Kosinski, prend le contrepied des chasseurs de tornade originaux en cherchant non plus à immortaliser les approches mais à déjouer ces phénomènes climatiques afin d’éviter qu’elles ne deviennent des catastrophes. Comme le rappelle Tyler Owens, la puissance d’une tornade ne saurait s’anticiper, et s’évalue à l’importance des pertes humaines et des dégâts matériels.
Le long métrage se saisit de cette idée comme d’un prétexte à un rachat systématique de ses personnages, de sorte à respecter le cahier-décharge hollywoodien : il offre alors un spectacle prévisible et très facile, dans le sens où les actions entreprises par les protagonistes ne rencontrent aucun obstacle véritable apte à les invalider ; pire, que les tornades peuvent être domestiquées, ce qui n’est pas sans rappeler le dressage des raptors dans la médiocre trilogie Jurassic World. À trop vouloir exacerber le contrôle de l’homme sur son environnement, on en vient à perdre la puissance de ce dernier et la petitesse du premier, être fragile mais sympathique qu’une chaîne Youtube ou des produits dérivés gonflent artificiellement. Reste un blockbuster efficace qui, au milieu des prouesses visuelles et sonores, capte bien la capitalisation sur la misère exercée par des vautours dépourvus d’humanité.
Vu en avant-première au cinéma Emeraude de Dinan